Traduit du néerlandais par Noëlle Michel
Je vous présente encore un titre reçu dans le cadre d’une opération Masse critique Babélio aujourd’hui. Quand je vous disais qu’il y avait embouteillage ! Ce qui m’a attiré dans ce titre ? A la fois le nom charmant et évocateur de la maison d’édition, et cette mention que le lecteur allait s’immerger dans le monde obscur des modérateurs du web… Mais pour tout dire, quand nous faisons la connaissance de Kailegh, c’est surtout une jeune fille un peu paumée, en recherche amoureuse et de stabilité, que nous rencontrons. Ce nouveau job chez Hexa va lui permettre de rembourser ses dettes. Alors si en plus l’équipe est sympa et amicale, de quoi se plaindre ? Bien entendu, il y a toutes ces images, le point de vue qu’il faut savoir adopter pour trier, la cadence à respecter, et peu à peu ce sentiment que les propos lus finissent par s’infiltrer dans l’esprit de tous. Préoccupée surtout par sa vie amoureuse, Kailegh a le sentiment d’avoir mis du temps à se rendre compte des implications, et de la force de persuasion des complotistes, par exemple. Mais quand ses amis commencent à adhérer à la théorie de la terre plate, ou qu’ils remettent en question la Shoah, la jeune fille s’inquiète. J’ai trouvé ce roman très intéressant et moderne. Kailegh nous raconte son histoire dans le cadre d’une procédure collective visant la plateforme qui les employait, elle et ses camarades, une procédure à laquelle elle ne souhaite pas participer. Mais elle tient à raconter à l’avocat qui défend ses collègues son histoire et le traumatisme subit. C’est aussi le monde du travail précaire qui nous est donné à voir, avec ses horaires particuliers, sa manière de traiter la main d’oeuvre et son abrutissement. Ce roman est le premier à sortir chez cette toute nouvelle maison d’édition qui promet beaucoup.
Editions Le bruit du monde – 3 mars 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…