D’ABORD COMPRENDRE LES AUTRES, LES RESPECTER ENSUITE
Il y a une tendance, chez les intellectuels de tous genres, qui veut que les autres soient responsables par leur passivité, de la régression de la société française. Cela s’est traduit par des chansons comme celles de Georges Brassens, il y a quelques décennies. Que ce fussent l’Auvergnat, le Gorille, ou tant d’autres, l’idée est la même : seules quelques personnes sont honorables, les autres ne sont que de dociles spectateurs.
Le même thème est repris par les intellectuels, voire les politiciens. Tous ont ce même discours : regardez-les, ces soumis, ces êtres dociles
En réalité, il y a beaucoup de mépris dans ces considérations. Et certainement, les termes qu’ils auraient voulu utiliser, n’auraient été ni soumis, ni dociles, mais plutôt obséquieux ou serviles. Mais, pour le moment, le parler courtois les en empêche.
Plus que cela, il y chez ces intellectuels une projection de leurs propres angoisses, de leurs propres rancœurs, voire de leurs propres échecs, sur les autres. Cela peut être, également, un esprit révolutionnaire non sorti de l’adolescence. Être révolutionnaire est une chose, demander aux autres de l’être est une déficience.
La passivité du grand public, elle est là, elle est incontestable. Mais, avant tout, il s’agit de la comprendre. Les vieilles personnes sont soumises par crainte des représailles. Cela correspond, malheureusement, à la réalité. Ces représailles existent, et sont d’autant plus exacerbées, que le pays est moderne. Ici, elles revêtent l’aspect de la sournoiserie. Sournoiserie insolente, puisque ces personnes âgées sont démunies, sans le moindre soutien familial.
Si les jeunes sont, en apparence soumis, c’est parce que les problèmes des grands ne sont pas les leurs. Cela s’explique, en partie, par le fait que personne ne se penche sur leur propre sort, leurs propres angoisses jugées bien mineures.
Pour d’autres personnes, sortir dans la rue pour protester, n’est pas leur volonté première. Lorsqu’on tente de survivre avec le SMIC, ou les rentes du chômage ; lorsqu’on tente de faire de son mieux pour sauver ses enfants, on abandonne tout esprit de contestation. Avoir le courage de se lever chaque jour pour accomplir une tâche ingrate, dans des conditions de mépris, c’est là, me semble-t-il, la preuve d’un très grand courage.
Voilà ce que devraient comprendre, en premier lieu, les intellectuels, qu’ils soient chanteurs, politiciens, philosophes, ou simples citoyens avertis.
Comprendre les autres est une étape essentielle. Ce n’est que lorsque cette étape est acquise que ces intellectuels peuvent passer à la phase ultime. Celle de respecter le travail et l’abnégation du quotidien de beaucoup de Français et de beaucoup de Françaises.
Malheureusement, il y a très peu de chances que cela arrive un jour. Beaucoup parlent du respect des citoyens français, mais, nous le savons, il ne s’agit là que d’apparence. Finalement, à bien considérer et à bien peser les choses, les soumis et les dociles ne sont pas ceux que l’on croit.
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