Du site LE DEVOIR :
On sait que la malbouffe et le trop-plein de sucre, c’est mauvais pour la santé. Se demande-t-on pourquoi les principaux commerces de proximité vendent surtout des chips, des jujubes, des boissons gazeuses et autres aliments sur-transformés ? Non. Mais on nous conseille de faire des choix individuels santé. ¨On sait que la sédentarité augmente le risque de maladies chroniques. Réglemente-t-on l’étalement urbain et densifie-t-on les villes pour endiguer la dépendance à la voiture ? Veille-t-on à ce que les quartiers où le transport actif est possible restent abordables ? Non. Mais c’est à chacun de faire le choix de l’exercice physique quotidien. On sait que l’anxiété et la dépression sont en hausse depuis des années, sous l’effet du stress croissant des études et du travail. Met-on en place la semaine de quatre jours ? Non. Mais on télécharge une appli de méditation ou on fait du yoga. À chacun d’entraîner son « mental » pour mieux endurer le quotidien. L’idéologie néolibérale a tellement imbibé le discours populaire dans le domaine de la santé qu’il est devenu difficile d’en expliciter le fonctionnement. Tentons-le. Le néolibéralisme croit qu’une société bonne est une société libre, et que cette liberté passe par des institutions qui tentent de laisser le secteur privé exempt de réglementations, et les individus libres de leurs choix. Dans une société néolibérale, il est donc inapproprié de trop encadrer les compagnies dont le modèle d’affaires rend carrément malade, que ce soit en invitant la population à ingérer des calories vides bon marché, en polluant l’air ou les cours d’eau, ou en exploitant des employés au statut précaire. Les entreprises doivent rester le plus libres possible dans leurs activités, et nous, en contrepartie, sommes libres d’y travailler ou pas, de consommer leurs produits ou pas. Dans une société néolibérale, les professionnels de la santé nous parlent de changer nos choix de vie, de prendre des habitudes plus responsables. Mais il est incongru qu’un groupe de diététiciennes fassent une sortie commune contre l’abondance de malbouffe dans les chaînes de dépanneurs et la persistance des déserts alimentaires ; il est presque tabou que des médecins se mobilisent pour une réforme du Code du travail ; et il est impensable que la direction d’un CIUSSS demande plus d’espaces verts sur son territoire.¨...https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/665346/libres-de-quoiPégéWindows 7 / Windows 10 / Ubuntu 18.04 LTS / Linux Mint 20.04