Aujourd’hui, comme il convient, les Jeux Olympiques s’ouvrent par une cérémonie, spectacle avant le spectacle. Pendant quatorze jours, victoires, records, podiums récompenseront les efforts réels des sportifs ; mais le premier et le dernier jour, à part, aucune médaille n’est en jeu, aucun exploit n’est attendu : tout est signe.
Signe de force et de vigueur à travers le corps des athlètes. Signe d’engouement dans le public venu nombreux. Signe de puissance et de reconnaissance pour le peuple chinois qui accueille les Jeux et se voit honoré par la présence de grands chefs d’Etat.
Autant la suite sera essentiellement sportive, autant ce début est, sous ses dehors esthétiques, entièrement politique : l’ambition des uns, le consentement silencieux des autres, le rassemblement de tous en un même lieu. Dirigeants, sportifs, spectateurs, quels que soient leurs motifs, tous sont d’accord en ceci qu’ils veulent être là.
Telle est l’étoffe du politique ; sans éclat, sans discours, la simple présence devient un acte, par quoi quelque chose — un régime, une tradition — est accepté, désiré, ou toléré.
Acte impalpable, à la différence des exploits sportifs à venir ; acte invisible, à la différence de ce déploiement d’ordre et de beauté qui, bien réel, n’en est pas moins le signe d’autre chose.