Dans les steppes de Mongolie – Vendredi 8 Août 2008
Au fait, vous ai-je parlé de Big Boudha ? Non ? Big Boudha s’appelle en réalité Enhee. Et les filles du groupe l’ont baptisé Big Boudha (BH). Tête cubique taillée à la serpe ou plutôt à la hache, corps de lutteur mongol voire de sumo, BB est en fait le big boss semble-t-il de notre expédition, le chef du caravansérail le soir. Il montre la route, décide de l’endroit où installer nos tentes..
Un type sympa. Il ne déteste pas après 2 heures de route de se mettre le ventre à l’air pour mieux faire évacuer la sueur… Ventre qu’il a de proéminent. Ce qui permet à Puje, l ‘une de nos cuisinières de lui donner un coup de boule… Mais BB en simplement tendant le muscle du ventre l’envoie bouler à quelques pas…
Par ailleurs, il trace sur la piste. Sur une heure, il nous met facilement 3 à 5 kilomètres dans la vue… Et notre caravane de 3 fourgons soviétiques me fait penser à la charge des hélicoptères d’Apocalispte now… BB en tête, les 2 autres suivant sur des pistes parallèles en essayant de tenir le rythme… Nuage de poussière, et musique.. Bon ce n’est pas la Walkyrie. Notre chauffeur Bataa nous passe une espèce d’opéra pop coréen qui peut ressembler il est vrai à la montée chromatique du début de la musique de Wagner. Bon, il faut un peu d’imagination… L’autre chauffeur Adiya semble avoir un faible pour « voyage, voyage »… Bref, on ne s’ennuie pas.
J’ai jeté un coup d’œil au fourgon de BB… Intérieur impressionnant.
Sinon la nuit dernière a été dantesque, comme je disais dans le précédent post. Eric notre toubib qui n’a pas pu dormir la nuit d’avant du fait de mes ronflements, n’a pas dormi non plus du fait des éléments déchainés… Il a pondu d’ailleurs un magnifique verset mongol : « Si aujourd’hui ronflement, demain pluie et vent ». Qu’on se dise.
Tempête qui n’a pas empêché nos cuisinières de pétrir du pain pour le petit déjeuner, et de le faire cuire dans un récipient adhoc. Et oui vous avez bien lu : du pain en pleine steppe au milieu de nulle part…
On est entré dans la matinée d’hier dans l’Arkhangai, qui comme chacun sait est la région d’origine des Turcs d’aujourd’hui. Ils ont même construit « in the middle of nowhere » un musée, et une route goudronnée pour y aller. Mais encore rien dans le musée. Brève traversée de Karakorum, où l’on repassera pour visiter le monastère.
Deux événements intéressant dans l’après-midi…
Figurez-vous que nous avons déjeuné dans un boui-boui mongol dénommé « gants mod » (qui ne veut pas dire « chez zézette », mais quelque chose comme « bois seul ».
Deuxième événement aussi intéressant : boire le thé vers les 17 heures – pardon l’airag (lait de jument fermenté) chez une famille mongole, dans sa yourte. Sachez, braves gens que si vous vous rentrez n’importe comment chez vous il n’en est pas de même ici. Où on rentre du pied droit, et jamais du gauche (la droite et la gauche, c’est la même chose qu’en France). Et faites attention à bien baisser votre tête pour ne pas vous assommer sur le haut du chambranle de porte qui est bien bas… Ensuite vous vous asseyez où le maître de maison vous dis de vous asseoir (moi j’étais assis sur l’un des trois lits). La jeune fille de la maison vous fait passer un plat de yaourt séchés – un truc à vous casser une dent -. Et puis ensuite le bol de lait de jument qui passe de mains en mains (j’en ai vu plusieurs de notre groupe qui ont fait semblant de boire). Discussions entre le chefs de famille et nos chefs à nous (ceux qui tatouillaient au restaurant « chez zézette)… Questions diverses… Puis le maître de maison a fait passer un petit pot de tabac ? genre jus de chique que l’on appliquait sur un doigt avant de le respirer. Et enfin calumet de la paix. Le Maître a sorti sa pipe qui ressemble à s’y méprendre à une clé à pipe de 8 montée sur un tuyau… Jeunes enfants magnifiques. Et en présentant nos hommages pour le départ, que ne fut pas notre surprise de voir le fils du Maître se saisir de la main de l’une de nos femmes (je ne dirais pas qui pour ne pas lui poser de problèmes) en commandant à la cantonade gauloise : « photo, photo »… Emotions dans notre groupe… On ne sait jamais en effet où ces choses là peuvent finir… Mais on a pu la récupérer.
Passage dans la capital de l’Arkhangai : Tsetserleg. Ville sympa lovée sur les flans de la montagne avec des petites maisons de toutes les couleurs. On a failli perdre Michèle. En arrivant en ville elle avait vu des cochons. Et quand nous nous sommes arrêtés pour faire le plein, elle était partie sans rien dire faire une photo des cochons. Bon on l’a retrouvé, mais quand même… Et nous avons vu nos premiers arbres depuis Oulan-Bator.
En sortie de la ville nos Mongols sont allés faire le plein des réservoirs d’eau à une source en contrebas. Et ils se sont mis à s’asperger : bataille d’eau mémorable… L’une de nos cuisinière est remontée trempée.. Sont joueurs quand mêmes ces Mongols…
Après passage d’un col à 2.000 mètres environ, arrêt auprés d’un bloc de pierre énorme qui se dresse en plein de la steppe, dans un endroit appelé Tayhar. On ne sait pas trop comment ce bloc est arrivé là. Il couvert d’inscriptions diverses, dont certaines paraît-il, sont runiques.
Et campement en fin de journée dans un endroit idyllique. Et que ne fut pas notre surprise de voir arriver 2 donzelles de 15 et 10 ans, venant nous proposer divers colifichets… Et je dois dire qu’elles sont de rudes négociatrices… 2 autre gamins sont venus ensuite nous offrir du lait et de l’irac dans des bouteilles de coca-cola…
Et après un somptueux souper, on a terminé la soirée autour d’un feu de camp. Les Français ont chanté Janneton (on ne se refait pas, et les Mongols une mélopée sympa…
Nuit calme mais humide.
Bon je vous laisse, « il faut que j’aille voir le cheval ». Ici, allez voir le cheval veut dire… je vais vous l’expliquer demain ou un autre jour…
Allez à bientôt pour de nouvelles aventures…
PS Aux dernières nouvelles, il semblerait que nos dames vont débaptiser BB en Big Chief. Mille excuses pour les fôttes dautaugraffe... et que je n'ai pas le temps de lire vos comments et mails...