Bon après que Jessyca F. passa d'Hugo, Zeller, Testud à Molière comme pour me faire tourner en bourrique, la roulette des auteurs se stoppa sur notre Amélie nationale. Et comme Stupeur et tremblements avait été plus qu'un bon souvenir, le duo auteur-titre était sur la route.
Stupeur et tremblements : Amélie Nothomb.1967(Japon)
Première parution : 1999
Adaptation cinématographique : 2003.
Personne n'a jamais prétendu qu'il serait facile de jeter un pont entre l'Orient et l'Occident. Dans ce roman sur une employée belge travaillant pour une compagnie japonaise dont l'activité va des fibres optiques canadiennes au soda de Singapour, l'auteur traite avec malice et satire les problèmes d'adaptation dans ce village planétaire.
Stupeur et tremblements retrace les expériences vécues par Amélie lorsqu'elle débuta son contrat d'un an en bas de l'échelle d'une gigantesque société japonaise. Ayant passé une partie de son enfance au Japon, elle est à la fois japonaise et étrangère, mais sa familiarité avec le Japon lui fait autant de tort que sa nationalité étrangère elle est punie parce qu'elle comprend le japonais). Elle est rétrogradée encore et encore à des postes à chaque fois plus humiliants, passant du service des photocopies au nettoyage des toilettes utilisées uniquement par elle-même et par sa supérieure immédiate, Fubuki Mori, une femme dangereusement orgueilleuse et dune beauté remarquable, pour laquelle Amélie développe un béguin autodestructeur.
Nothomb ne se borne pas à vitupérer, dans cette attaque en règle, contre ce qu'elle dépeint comme étant les relations de travail démentes qui régnaient dans les compagnies japonaises : elle y démontre aussi une certaine sympathie pour ceux qui se conforment à leur sens de l'honneur et de la tradition. Ce roman à la fois satirique et profond ridiculise l'Orient et l'Occident, mais fait preuve d'une certaine tendresse pour les petites manies de chaque individu.
Un talent certain pour ce petit bout de femme assez étrange.
Douce nuit à tous.