« La pétasse »
Visite à une amie pas vue depuis 2 ou 3 ans. Un tour du beau marché puis, suivant ses rituels hebdomadaires, café dans le bar où elle a ses habitudes. Vient s’attabler avec nous une de ses connaissances : femme, la cinquantaine, petit blouson en cuir court et moulant, talons de 10 cm, brushing « chou à la crème » impeccable… Je me dis qu’elle ne correspond pas à l’idée que je me fais – et que du coup j’explicite, des fréquentations de mon amie. Nous rejoint ensuite un gars, la soixantaine, d’allure décontractée.
Elle dit bien fort :
- Je n’ai pas emmené la pétasse !
Je m’efforce de rester impassible, pourtant surprise par cette vulgarité qui dénote avec sa préciosité.
Lui répond :
- C’est dommage ! Moi, j’aime bien la pétasse !
Ils continuent quelques instants, mettant en scène leur connivence devant une étrangère, « faisant les intéressants » comme nous disions quand nous étions gosses. Cela va de soi, je ne participe pas à l’échange, n’ayant aucune opinion sur la pétasse en question.
Finalement, elle fait ce qui a le don de m’horripiler (surtout quand je n’ai pas mes lunettes…), elle cherche une photo de la pétasse dans son portable et me la soumet fièrement : il s’agit de sa chienne, fraîchement toilettée, au brushing « chou à la crème » impeccable…
Colette Milhé