Pratiquement 10 ans après la conclusion de la superbe trilogie de Christopher Nolan, véritable modèle du genre, Batman s’offre une nouvelle adaptation cinématographique sous la direction de Matt Reeves. Après avoir joliment ressuscité La Planète des Singes, c’est en effet au célèbre Chevalier Noir que le réalisateur américain a été chargé d’apporter une nouvelle vision. Un défi de taille qui ne s’avère au final que partiellement réussi, les qualités formelles de l’oeuvre contrastant nettement avec ses faiblesses d’écriture.
Mais commençons par le positif : la direction artistique. Porté par une photographie à tomber par terre et une mise en scène regorgeant de bonnes idées, le film nous régale de plans iconiques tous plus beaux les uns que les autres. Une beauté formelle qui ne se contente pas de régaler la rétine, mais qui confère également une véritable atmosphère à la ville de Gotham. Une atmosphère résolument sombre, aussi glauque que lugubre, à l’image des personnages qui la composent. En parlant des personnages, si ceux-ci disposent tous d’une présence graphique indéniable, bien soutenue – il faut le dire – par la réalisation, on regrettera néanmoins leur manque d’épaisseur dramatique. Malgré un potentiel palpable, la plupart des protagonistes ne dépassent effectivement jamais le rôle fonctionnel qu’ils revêtent dans le récit. Un constat d’autant plus frustrant que le casting se révèle pour sa part plutôt convaincant. A l’exception de Paul Dano, agaçant de surjeu dans la peau de l’homme-mystère, tous les acteurs se fondent ainsi parfaitement dans l’univers.
Avec The Batman, Matt Reeves signe donc une nouvelle adaptation qui vaut surtout pour la puissance visuelle de son univers. Porté par une direction artistique sublime, le film nous régale de plans iconiques tous plus somptueux les uns que les autres. Dommage cependant que le scénario manque à ce point de consistance, se montrant incapable d’offrir à l’intrigue et aux personnages le relief qu’ils méritent.