Fatigue du jour fait, bien sûr, mais tout autant dedans celle empilée des semaines d’avant comme un lest que l’on ne pose repose pas plus que le sommeil n’efface toute l’ardoise quotidienne. Passoire lente de la nuit, il en reste encore le matin, tamis trop fin, on remet à demain. Faudrait purger tous les circuits du corps, remettre à neuf le sang, et compteur à zéro repartir… On continue dans la crasse accrue, la rouille et l’enlisement dans l’ornière d’un vivre, sol mou, pénible et lent pour la marche. Sisyphe vieux. On laisse filer, on n’est plus là pour personne, on, lâche. Et continuent seules de tourner en tête des images comme de vieilles mouettes et des poèmes comme des boîtes à musique dont le mouvement faiblit, finit par dérailler avant la fin du temps des cerises.
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Antoine Emaz (1955-2019) – Peau (Tarabuste, 2008)