Pour ce rendez-vous poétique avec Marilyne, je vous propose un seul poème de Pier Paolo Pasolini, né il y a cent ans le 5 mars 1922.
Si le soleil revient, si le soir descend
si la nuit a un goût de nuits à venir,
si un après-midi pluvieux semble revenir
d’époques trop aimées et jamais entièrement obtenues,
je ne suis plus heureux, ni d’en jouir ni d’en souffrir ;
je ne sens plus, devant moi, la vie entière…
Pour être poètes, il faut avoir beaucoup de temps ;
des heures et des heures de solitude sont la seule
façon pour que quelque chose se forme, force,
abandon, vice, liberté, pour donner un style au chaos.
Moi je n’ai plus guère de temps : à cause de la mort
qui approche, au crépuscule de la jeunesse.
Mais à cause aussi de notre monde humain,
qui vole le pain aux pauvres et la paix aux poètes.
Pier Paolo PASOLINI, La persécution – Une anthologie (1954-1970), traduit de l’italien par René de Ceccatty, Points Poésie, 2014
A écouter en lisant : une musique d’Ennio Morricone, ami de Pasolini.
Allons voir le choix de Marilyne qui nous propose des haïkus de printemps.