Il était important pour leur auteur que ces poèmes soient traduits en français. Pierre Boenig-Scherel en fait la demande à Maïa Brami. Il est l’ami de son grand-père et elle le connaît depuis toujours. Son père est mort à Auschwitz en 1942. Lui, enfant, a été envoyé par sa mère à la campagne pendant tout le temps de la guerre. Et c’est parce qu’après la guerre, il va vivre aux États-Unis qu’il écrira ses poèmes en anglais.
Sa demande à Maïa Brami fait donc traverser temps, pays et langues à des textes qui évoquent toute une vie commencée avec la guerre et la Shoah. Toute une vie.
Et c’est ce que disent ces poèmes. Le silence après la question posée devant la mer, « comprendre était trop difficile ». Le silence de l’ami d’enfance dont on a oublié le nom. Les pierres et la forêt. Les pas de la mère qui « le reliaient au monde », et le souvenir du père mais « si peu de traces ». « Impitoyable fut l’emprise de la guerre : impitoyable mon endurance / l’art de vieillir ».
Ces poèmes disent le mal que fait la guerre, le mal que font les hommes aux autres et en particulier aux enfants qui, toute leur vie, porteront cette « blessure profonde ». Ils disent cette « longue prière / (…) / pour tenir bon, / le lendemain ». Et ils disent aussi des paysages, des musiques, et la marche sur « le sentier / entre les haies », « un geste simple ».