Le flot quotidien surtout ces derniers jours de données sur l'activité du secteur des services et de l'industrie peut rebuter les plus
débutants, ceux-ci ne percevant pas forcément le lien entre les actions qu'ils ont en portefeuille et ces données publiées de façon préliminaires puis définitives.
Les indicateurs PMI, ISM ou autres qui sondent les directeurs d'achat de différents pays et de différents secteurs visent à restituer la situation actuelle, avec différentes composantes
(nouvelles commandes, emploi, prix etc..) ainsi que les anticipations, le tout permettant de situer l'orientation générale de l'activité économique.
Une fois publiés définitivement, voici que ceux-ci sont souvent révisés le mois suivant ! La bourse n'est qu'anticipations et ajustement sur des nouvelles données mais on a là matière à s'y
perdre un peu parfois. Enfin, à vivre à l'heure américaine en quasi permanence alors qu'on est marocain, français, belge, canadien ou suisse peut également rendre perplexe les personnes qui
entreprennent de percer les arcanes du monde financier et particulièrement boursier. Nous allons ici faire une synthèse :
L'indice global mondial toutes activités confondues calculé par JP Morgan et les principaux indices de 26 pays dans le monde qui représentent 81 % de la création de richesse du monde est entré en
zone de contraction (sous 50) pour la première fois depuis début 2003 avec un ralentissement des nouvelles affaires enregistrées se réduisant à la vitesse la plus rapide depuis 2001 (JPMorgan
All-industries PMI) Ci-dessous figure l'indice manufacturirer global, en cliquant sur le graphe vous aurez accès au graphe tous
secteurs (manufacturier + services) ainsi que la pondération des différents pays composant cette indice et la source nationale qui l'alimente.
Le second graphe met en relation la corrélation de l'indicateur et la production industrielle avec sa variation en % d'un trimestre à
l'autre (échelle de droite). Le trait horizontal représente la moyenne historique de l'indicateur. Les nouvelles commandes tombent de 48,3 à 45,9.
√ Pour l'indice manufacturier + services, il en va de même mais la variation du second graphe représente l'évolution de la croissance mondiale sur une base
trimestrielle. Les nouvelles commandes glissent de 48,3 à 47,1.
Non seulement le suivi des indices américains permet de restituer jour après jour l'essentiel des variations des marchés actions qui ont une sensibilité forte s'agissant de la première
économie au monde avec une pondération dans cet indicateur de 30,5 contre 18,7 % seulement pour la zone euro mais comme vous pouvez le constater, le suivi de la conjoncture américaine
permet d'anticiper largement ce qui peut se passer dans le reste du monde. C'est tout l'apport de ces données qui permettent par ailleurs de raisonner sur une base large et comparable.
Le découplage entre les USA et le reste du monde n'a pas eu lieu non seulement avec l'Europe comme on a pu le constater de manière assez sévère ces derniers jours mais également avec
l'ensemble des autres grandes zones.
Certes, la croissance des pays émergents reste élevée comparée aux pays développés mais cette mesure permet de prendre conscience de quelques éléments :
- la Chine vient pour la première fois de voir son indice des directeurs d'achat passer en zone de contraction à 48,4 en juillet contre 52 en juin tel que calculé par le CFLP. Signalons à titre
de réserve que cet indicateur n'est vieux que de 2 à 3 ans et qu'il est contredit par le PMI calculé par CLSA qui s'érode mais reste pour le mois dernier à 53,3. C'est cependant le premier qui
est considéré le plus largement et qui fait 'foi' en quelque sorte. Il est par ailleurs relayé par des indicateurs d'exportation en baisse et les difficultés du Japon qui s'attend à entrer
probablement en récession notamment en raison du ralentissement commercial avec son grand voisin.
Il est par ailleurs confirmé par l'indice des directeurs d'achat calculé par Markit pour Hong-kong qui a vu le mois dernier son chiffrage passer sous la barre des '50' pour la première
fois en 3 ans et demi à 49,4 contre 50,6 en juin signalant une baisse également des nouvelles commandes.
- A l'autre bout de la pyramide du développement économique, on constate enfin par exemple que l'indice PMI de la Suède a chuté en juillet à 48,6 après 50,6 en juin pour la première fois depuis
mai 2003.
Le suivi des indicateurs américains en dépit d'une mondialisation grandissante reste un des éléments clefs du suivi des boursiers dans sa capacité à pouvoir éclairer l'investisseur où qu'il se
trouve dans le monde, en dépit des particularités locales et régionales.
En dehors du Brésil, les choses restent assez mal orientées. L'émergence de "nouveaux pôles", le "découplage" entre les zones économiques, le
"relais de croissance" impulsé par les émergents sont des concepts intéressants mais qui reflètent une évolution longue et pas forcément dans le timing des marchés et de l'investissement
financier.
La bourse de Shanghaï comme la bourse de Shenzen, sa cadette, se colle au terrain économique des anticipations comme vous pouvez le constater loin de l'eldorado décrit largement par
ailleurs. Depuis octobre, un investissement dans l'indice phare de la bourse chinoise a été divisée par 2,5 pour un investisseur en euros (le graphe ci-dessus est en
$)
J'espère vous avoir fait toucher du doigt que le côté factuel des news, l'énoncé de mille données ne sont que le moyen de coller au mieux au terrain pour se guider. Il n'y a pas de recette
miracle. Les explications viennent y puiser directement à défaut on risque la simplification globale ou l'explication qui multiplient le risque d'erreur. Les marchés financiers vivent à
ce rythme, c'est ainsi. Demain, il continuera à inspirer et expirer sur ces données, données américaines en tête pour voir si le rebond n'est pas que temporaire, avec ensuite beaucoup de
choses qui en découlent à travers le monde pour les entreprises qui y exercent leurs activités.