Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
Tel : 01 48 87 52 55
Métro : République
Mis en scène par Fabrice Eboué et Thomas Gaudin
Présentation : Réseaux sociaux, militantisme exacerbé, Cancel Culture, la crise du Covid n’aura fait qu’accélérer l’émergence du nouveau monde… Fabrice Eboué se sent déjà dépassé…
Mon avis : Pour qualifier le nouveau spectacle de Fabrice Eboué, il faudrait créer un néologisme qui englobe à la fois sa virtuosité verbale, sons sens de la formule et également sa spécificité capillaire : ébouériffant !
Il est tout naturel que ce serial sniper installe sa fenêtre de tir(s) au théâtre Déjazet, haut lieu du fameux « boulevard du Crime » !
Se refusant à être un témoin passif des dysfonctionnements de notre société, dans un grandiloquent « Adieu Hier », il rejette délibérément tout ce qui appartient au passé pour n’aborder que l’actualité, la sienne et celle du monde qui l’entoure.
Il entre sur scène avec sa nonchalance coutumière, son sourire tour à tour goguenard ou désarmant et son œil malicieux. Il est fidèle à lui-même ; fidèle surtout au personnage que l’on est venu retrouver. Ce que l’on attend de lui, c’est qu’il se montre provocateur, transgressif, cynique, de mauvaise foi… Et on ne va pas être déçu. Sauf peut-être les quelques cibles humaines qui ont eu l’inconscience ou le masochisme de vouloir se placer dans sa ligne de tir, c’est-à-dire dans les tout premiers rangs.
Contrairement à sa génétique, l’humour de Fabrice Eboué, lui, n’est pas métissé. Il est carrément noir. Il y a belle lurette que son curseur a glissé hors de la réglette du politiquement correct pour se balader dans une espèce de no man’s land sans limites et sans tabous (définition de politiquement correct : « destiné à ne froisser aucune susceptibilité », en clair il ne faut pas utiliser de « mots grossiers, familiers, de termes injurieux, péjoratifs »). Lui, il ne craint pas de froisser, au contraire, plus c’est chiffonné, plus il se régale.
Photo : JohnWaxx
Physique particulièrement affûté, Fabrice n’observe pas de round d’observation. Il est chaud tout de suite. Il canarde à tout va et à jet continu. Il nous soûle coups ; de coups bas même, car il frappe parfois sournoisement sous la ceinture. Ennemi « public » numéro 1, il s’en prend à une poignée de spectateurs qu’il ne lâchera pas tout au long de la soirée.
Sans aucun temps mort, il aborde de nombreux thèmes : sa scolarité dans le même établissement que son conscrit Emmanuel Macron ; la diversité ; les méfaits du rap ; les miss France ; les abus du féminisme ; les joggeuses ; la pédophilie dans l’Eglise ; les tueurs en série ; les réseaux sociaux… Et j’en passe. Bref, il n’épargne pas grand monde. Ce n’est pas de sa faute. Il le reconnaît d’ailleurs lui-même : son cerveau ne produit systématiquement que « des idées sordides ». Maintenant que l’on sait qu’il est atteint d’une maladie chronique, il lui sera beaucoup pardonné.
Un homme qui nous fait autant rire ne pouvaitt pas être volontairement aussi pervers et malintentionné…
Gilbert « Critikator » Jouin