Titre : Undertaker, T6 : Salvaje
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Parution : Août 2021
Si on évoque le western dans la bande dessinée, le nom de Blueberry sera souvent le premier nom qui viendra à l’esprit de bon nombre de lecteurs de bandes dessinées. La naissance du héros de la plume de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud date de presqu’un demi-siècle et a marqué l’Histoire du neuvième art. Depuis, rares sont les personnages du genre à soutenir la comparaison avec ce glorieux ancien…
Un petit bijou.
Jonas Crow est le héros de la série Undertaker, fruit de la collaboration de Ralph Meyer, Caroline Delabie et Xavier Dorison. Il s’agit, à mes yeux, du premier à pouvoir être présenté comme le successeur du célèbre lieutenant. Dès les premières pages du premier tome, je suis tombé sous le charme de ce personnage charismatique, décalé, inquiétant qui occupait la particulière fonction de croque-mort. Les différents albums de la saga ont permis de déterrer certains cadavres de son passé et d’enrichir une personnalité et un destin captivants. La qualité constante de chaque nouvelle parution n’a fait qu’alimenter ma curiosité et mon impatience de découvrir la suite des pérégrinations de cet undertaker et de son animal de compagnie, un vautour nommé Jed.
Ma critique porte sur le dernier tome intitulé Salvaje. Ce sixième opus conclut un diptyque entamé avec L’indien blanc. Dans cette première partie, les aventures de Jonas l’avait fait croiser la route d’une ancienne connaissance, Sid, devenu depuis un notable de Tucson. Ce dernier l’incite à le suivre pour mener une mission particulière. Caleb Barclay est le fils d’une riche propriétaire locale. Son cadavre se trouve en plein territoire apache. Sid est chargé de récupérer le cadavre et de le ramener chez lui. Il se révèle rapidement que la présentation des enjeux par Sid s’éloigne souvent de la vérité et Jonas n’aime pas quand on essaie de le rouler…
Jonas se trouve dans une situation complexe tout au long de l’album. Prisonnier de Sid, il fait au mieux pour préserver la vie de Salvaje et sa famille. Une vraie tension accompagne ainsi chaque planche. Jonas marche sur un fil. Chacun de ses actes peut causer la perte de l’indienne. Jonas doit faire preuve de finesse et de manipulation. Ce n’est pas ce qui le caractérise le plus. Le voir se débattre dans ce bassin de piranhas crée une tension dramatique intéressante et un vrai suspense. Sid est également un adversaire à la personnalité complexe qui ajoute de l’ampleur à l’ensemble. Le fait que tous les protagonistes soient dépendants les uns des autres font de la narration une structure de dominos qui n’attend que la chute de l’un d’entre eux pour entrainer la destruction de l’ensemble.
Cette intrigue est sublimée par les illustrations fruits du travail de Ralph Meyer. Les décors hivernaux sont mis en valeur par les couleurs de Caroline Delabie et donnent au diptyque une identité graphique assez unique dans la série. L’essentiel de ce tome se déroule en zone urbaine et en intérieur. Là encore, le talent du dessinateur accentue l’immersion et participe à enrichir la dramaturgie de l’ensemble. Le travail sur les personnages est toujours aussi précis et apporte la dernière touche au fait que cet album est, à l’image de ses prédécesseurs, un petit bijou.
Pour conclure, Salvaje entretient la bonne réputation de Undertaker. La lecture est passionnante. L’atmosphère, les personnages, l’histoire… Tout est parfait ! Il ne me reste plus qu’à attendre patiemment le prochain opus. Mais cela est une autre histoire…