Ces pavés contiennent du dioxyde de titane qui a la propriété de réagir photochimiquement (réaction chimique provoquée par la lumière) avec les oxydes d’azote responsables partiellement des pluies acides et du smog.
Pour les scientifiques de l’Université de Twente, il y a là matière à lutter contre la pollution et donc à améliorer la qualité de l’air. Selon le communiqué de l’Université, qui a l’air d’y croire dur comme fer, «Une averse de pluie et tout est propre».
Pas si simple …
Relevons d’abord que cette technologie qui consiste à introduire de l’oxyde de titane dans des revêtements de sol ou des peintures afin de les faire réagir avec les polluants de l’air n’est pas très nouvelle, que beaucoup d’autres groupes de recherche s’y intéressent et que des applications pratiques et même commerciales existent déjà. C’est en tout cas ce que le blogue des Urbanités de la RSR nous apprend.
Les Urbanités nous apprennent aussi que le Conseil d’état genevois «a préféré s’abstenir de promouvoir l’utilisation de ces nouveaux matériaux» car «des doutes [sont] apparus récemment sur les effets sur la santé de certaines substances lorsqu’elles sont exploitées sous la forme de nanoparticules».
Le moins que l’on puisse dire est que les précautions prises par le Conseil d’Etat genevois sont fondées.
Jugez plutôt.
L’Institut national de la recherche et de la sécurité (INRS) français révélait en mars 2007 que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) venait de classer le dioxyde de titane cancérogène possible pour l’homme (catégorie 2 B) puisqu’il provoque le cancer du poumon chez l’animal.
Par ailleurs, lors du Nanoforum du 8 novembre 2007 [podcast] organisé par le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à Paris, Léon-Christophe Etile des Amis de la Terre remarquait à propos de matériaux de construction contenant du dioxyde de titane :
Le produit est pourtant déjà diffusé à grande échelle, alors que les risques n’ont pas encore été précisément évalués.
Pour sa part, William Dab, professeur d’hygiène et sécurité, concluait :
Nous sommes ici au coeur de notre problématique. Des dégâts d’un type nouveau pourraient surgir du fait de ces nouvelles technologies. Que convient-il de mettre en place pour s’en prémunir ? Nous n’avons pas la réponse.
«Pas la réponse», voilà qui est peu rassurant.
Si on ajoute à tout cela que les revêtements routiers ont pour fâcheuse tendance à s’user et à libérer des particules plus ou moins fines sous l’action du frottement des pneus, on si dit que les chercheurs hollandais sont bien enthousiastes.