Imagine-t-on Marine Le Pen ou Eric Zemmour élu(e) à la présidence de la République ? Imagine-t-on ces deux « pétainistes » faire face avec crédibilité à Vladimir Poutine alors même qu’ils vantent depuis des années les soi-disant qualités du dictateur russe ? « Il nous faut un Poutine français » clamait Zemmour ! Marine Le Pen refuse aujourd'hui qu’on livre des armes aux Ukrainiens et rejette les sanctions économiques et financières prises par l’Europe (mais pas seulement) contre la Russie ? Quel serait leur rapport de force avec Poutine alors que celui-ci ne comprend qu’un dialogue musclé voire brutal ? En fait, Le Pen et Zemmour seraient d’une faiblesse absolue face au maître du Kremlin et les états européens très vite menacés par la Russie : la Moldavie, la Géorgie, les états baltes, la Pologne n’auraient que leurs yeux pour pleurer.
Avant de voter le 10 avril et surtout le 24, les électeurs et les électrices devront bien peser leur choix. Si les sondages actuels indiquent les principales lignes de force, on ignore encore qui, de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Eric Zemmour, affrontera le président sortant ? Le risque serait que la campagne électorale soit phagocytée par la guerre en Ukraine et que les débats nécessaires voire indispensables dans une démocratie soient tronqués. Mais la guerre d’Ukraine écrase tout et c’est bien normal.
S’agissant de Zemmour, je viens de lire l’article mis en ligne sur le blog de Jean-Pierre Filiu. Cet éminent observateur de la politique étrangère raconte le parcours « intellectuel » de Zemmour et le soutien permanent qu’il a apporté au tyran Bachar el Assad en Syrie. Il rappelle comment le candidat d’extrême-droite a justifié le soutien des Russes à ce dictateur lequel n’a pas hésité à utiliser des armes chimiques contre ses opposants dont les Kurdes principaux adversaires de l’Etat Islamique. L’ancien journaliste du Figaro n’hésitait d’ailleurs pas à saluer le courage des djihadistes prêts à mourir dans leur guerre contre l’occident ! Maintenant rejoint par Marion Maréchal dont il souhaitait le soutien, cet ajout calculé mais bien tardif risque bien d’être un coup d’épée dans l’eau. Les Français(e)s ont la tête ailleurs. Ils se demandent à combien vont s’élever le prix de l’essence à la pompe et leur facture de chauffage ? Ils s’interrogent sur la santé mentale d’un homme seul face à ses démons : un esprit revanchard et l’amour de la guerre. Et le Z dessiné sur les chars russes renforce, malgré lui bien sûr, les choix scandaleux de Zemmour.