Avec le temps qu'il fait, l'expression du jour n'est pas sans saveur.
Avoir un nom à coucher dehors.
"Pour boire de l'eau et coucher dehors il ne faut demander congé à personne", dit un ancien proverbe. Encore que de nos jours ce ne soit pas si sûr; on peut toujours s'attirer des tracas policiers. En tout cas, pour demander l'hospitalité, un soir, en frappant à une porte il vaut mieux pouvoir décliner une identité convenable. "Je suis le marquis Bernard de Nicourt, braves gens, et je me suis égaré..." Dans ces conditions on peut vous ouvrir et vous offrir le gîte. Mais si vous vous appeliez Strastvanberkof ou même simplement Demerdjibachian, vous risqueriez fort de vous faire dresser l'oreille, autrefois, dans une campagne obscure, à des hôtes peu hardis et vous voir refuser l'accès. Des noms à coucher dehors, sûrement, quelques temps qu'il fasse, pour n'être pas parfaitement chrétiens. Encore aujourd'hui dans certaines auberges il vaut mieux ne pas trop s'appeler Mohamed Ben Mustapha, à moins, bien sûr, d'avoir aussi une très belle voiture...
On a rajouté pendant un temps "coucher dehors avec un billet de logement". Cela fait allusion aux troupes en campagne qui logeaient "chez l'habitant" avec un billet de réquisition du régiment. Il s'agit d'une plaisanterie qui renforce la chose : même avec une autorité officielle, le nom est trop étrange pour pouvoir être accepté. "Dans l'intérieur de la boîtes à prières - relate Le père Peinard (1897) - le ratichon Lemius, perché dans l'égrugeoir à paroles, prêchait. - Qui ça Lemius? Allez-vous dire. C'est un nom à coucher dehors avec un billet de logement!"
Et le temps redoubla dans le mauvais sens.
Cette fin d'AM va être cinéma, cinéma et cinéma.