Amoureux des jeux de plateaux, vous aviez sans doute noté dans vos agendas les dates du Festival International des Jeux de Cannes, après une édition 2021 annulée pour cause de crise sanitaire. Du 25 au 27 Février derniers, les amateurs de jeux se sont donc donnés rendez-vous au Palais des Festivals de Cannes (le même qui accueille le Festival de Cinéma, oui) pour découvrir, tester et échanger sur les nouveautés de ce milieu en plein essor. Pour ma part, c’était une première.
Infos & Ressenti
Important pour ceux qui hésiteraient à se lancer, le Festival est ouvert au public et l’entrée y est gratuite. Néanmoins, pour tous les visiteurs dans ce cas, il aura fallu parfois s’armer de patience, pour respecter les capacités d’accueil. Les exposants, les professionnels, la presse et les pass VIP (pass payant pour le public) passent quant à eux en priorité versus la file grand public et ont également 1 heure de + (ouverture des portes à 9h au lieu de 10h). Bref, si vous êtes un amateur plus qu’un curieux, je vous recommande de prendre un pass pour éviter toute frustration.
Nous sommes arrivées sur Cannes le jeudi soir, journée dédiée aux professionnels. Pour cette première soirée, nous avons tenté d’aller à la Nuit du Off, un espace où les auteurs viennent présenter leurs prochains jeux (souvent encore au stade du prototype). Premier échec puisqu’ nous n’avons pas pu entrer, la jauge ayant été atteinte très vite. Nous n’avons pas retenté notre chance les jours d’après (faut être très motivé après une grosse journée de jeux).
Dans le train, nous avions dressé une liste des jeux que nous aimerions tester et découvrir sur place, afin de se diriger le plus vite possible vers les stands ciblés le vendredi matin. Notre grosse priorité était de tester Ark Nova (Super Meeple). Il s’est avéré que les parties étaient toutes réservées. Le jeu étant très attendu, il semblerait que nous n’étions pas les seules à en faire notre priorité. Second raté du Festival mais rassurez-vous, le dernier !
Mon conseil, c’est d’éviter finalement de lister trop de jeux et de vous laisser porter. Le vendredi matin, nous avons beaucoup tourné autour des stands avec des jeux que nous avions repéré. Et finalement, nous n’avons quasiment rien fait en attendant que des tables se libèrent (ce qui peut parfois être très long). Au FIJ, il faut savoir être opportuniste, en se plaçant à côté des tables dont les parties sont sur la fin, et un brin patient évidemment, car si il y a des jeux auxquels vous tenez vraiment, faire la queue peut se révéler inévitable.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que j’ai quand même pu tester 20 jeux sur 2 jours et demi de Festival. Certes, pas de gros jeux, mais finalement ça me très va bien, le bruit, la foule et la fatigue accumulée au fil des heures à parcourir les nombreuses allées n’aidant pas pour se concentrer sur une longue partie. Pour ces jeux plus exigeants, j’ai parfois observé quelques minutes une partie à distance, cela donne déjà une petite idée des règles.
Côté food, des confrères de jeux ont décidé de ne pas sortir du palais le midi par peur de se repayer une file d’attente trop lognue pour rentrer de nouveau. N’hésitez pas à aller vous aérer entre deux grosses sessions de jeux, surtout quand il fait beau comme ce fut le cas cette année. Notre QG à deux pas du Festival fut le Ma Nolan’s, un pub avec de la bonne bière et où on mange correctement. On vous recommande aussi le très bon restaurant grec Parthenopi, à deux pas du port, cuisine savoureuse et super accueil.
J’ai été ravie de cette première expérience au FIJ de Cannes, bien que trop courte à mon goût, le Festival pourrait durer 2 ou 3 jours de plus sans problème qu’on n’en n’aurait toujours pas fait le tour. Quel bonheur d’avoir des spécialistes pour se faire expliquer les règles de tous les jeux, des pro très agréables avec qui ça a toujours été un bonheur de discuter. On sent la passion dans chaque allée, l’ambiance est détendue et évidemment très joueuse. Ma dernière reco, c’est bien sûr de prévoir un bon petit budget sur place car on a envie de tout acheter !
Palmarès
Cette année, le Festival a décerné 4 prix lors de la cérémonie du jeudi 24 février au soir. Dévoiler ce palmarès avant l’ouverture au grand public donne un bon coup de projecteur aux jeux primés et mêmes aux nommés.
L’As d’Or Jeu de l’année catégorie Enfant a été décerné à Bubble Stories (Blue Orange). Les autres nommés de la catégorie étaient Attrape-Monstres (Space Cowboys) et Pin Pon ! (Djeco).
L’As d’Or Jeu de l’année catégorie Initié a été attribué à Living Forest (Ludonaute). Les autres nommés de la catégorie étaient Nouvelles Contrées (Olibrius) et Oltrée (Studio H).
Testé après le FIJ, je comprends la suprématie de Living Forest dans cette catégorie. Un jeu simple à appréhender, mélange entre deck building et stop ou encore. Parmi les nommés, j’ai pu également jouer à Nouvelles Contrées, un jeu original qui permet d’explorer sa bibliothèque avec un petit goût de Dixit (interprétation subjective de cartes richement illustrées).
L’As d’Or Jeu de l’année catégorie Expert a été décerné à Dune : Imperium (Lucky Duck Games). Les autres nommés de la catégorie étaient Iki (Sorry we are French) et Les ruines perdues de Narak (Iello).
Aucune surprise du côté du jeu Expert, tout le monde s’attendant à ce que Dune l’emporte. Je n’ai aucun avis à donner sur ce jeu car je ne l’ai pas testé (pas vraiment ma came comme on dit). J’ai joué plusieurs fois à Narak sur Game Board Arena, un jeu d’exploration complet qui mêle placement, deck building et gestion de ressources. Fluide et efficace. Enfin, j’ai pu découvrir il y a quelques mois la précédente édition de Iki (le nommé de cette année étant une réédition). Mon expérience du jeu fut assez difficile (j’avais pas bien saisi les règles). Il aura sans doute droit à une seconde chance d’ici peu.
L’As d’Or Jeu de l’année a été remis à 7 Wonders Architects (Repos Production). Les autres nommés de la catégorie étaient Happy City (Cocktailgames) et Cartaventura : Lhassa (Blam!).
J’aime beaucoup 7 Wonders Architects que j’ai acheté dès sa sortie. Un 7 Wonders plus accessible, plus familial, avec davantage d’interactions et un matériel très sympa. Mais je ne sais pas si ça valait un As d’Or pour autant, même si il restait mon préféré de la catégorie. Face à lui, Happy City, que j’ai pu tester lors du salon, un jeu très rapide dans lequel nous allons devoir construire notre cité à l’aide de cartes. Sympa oui, mais oubliable. En revanche, je n’ai jamais testé Cartaventura, jeu de narration par excellence si j’ai bien saisi, pas vraiment mon genre non plus.
Jeux : les belles découvertes
Après vous avoir parlé palmarès et ambiance générale, il serait peut-être temps de vous partager les coups de cœur du Festival. Voici mon Top 5 suivi de quelques mentions honorables.
5. Similo Harry Potter (Gigamic)
Peut-être connaissiez-vous déjà Similo, jeu coopératif dans lequel le maître du jeu doit faire découvrir aux autres joueurs la carte secrète piochée aléatoirement à l’aide d’indices avec d’autres cartes. Pour ma part, je n’en avais jamais entendu parler. Ce jeu a été mis en avant sur le stand de Gigamic pour la sortie de l’opus Harry Potter, toute récente. Petit jeu tout simple, jouable en 5 à 10 minutes, transportable partout et aux illustrations très réussies, il se décline en plusieurs thématiques : Harry Potter donc, la nouveauté, mais encore Histoire, Contes, Animaux ou Mythes. On a tellement aimé qu’on en a acheté 4 derrière. L’édition Harry Potter ravira évidemment les fans de la saga.
4. Momiji (Sylex)
Ce qui nous a plu instantanément dans Momiji, ce sont les illustrations d’Apolline Etienne (également illustratrice du primé Living Forest). Ici, nous sommes sur un jeu de collection, dans lequel il faudra donc aller collecter différents types de feuilles pour marquer des points. La monnaie du jeu est le gland, c’est pour vous dire à quel point c’est mignon. Jeu très zen, on a adoré cette petite pause en forêt. Et le prix de vente est vraiment abordable (17,90€ sur Philibert).
3. Get on Board (Iello)
En alliant transport, roll & write et tons pastels, Get on Board ne pouvait que me plaire et ça n’a pas manqué. Nous voilà à Londres ou New-York (au choix, le plateau étant R°/V°) pour développer la meilleure ligne de bus possible, celle qui transportera la plus de passagers et qui évitera les bouchons (= éviter de trop croiser les lignes des autres joueurs, à 5 c’est compliqué). Ici encore, nous sommes sur un jeu assez rapide (à 5 on a dû mettre 30 minutes) dans lequel il vous faudra faire des choix cornéliens (est-ce que je m’oriente vers un bus pour le 3ème âge ou plutôt pour hommes d’affaires ? Dur hein ?). Get on Board n’est peut-être pas révolutionnaire mais il rassemble à peu près tout ce que j’aime, ce n’est déjà pas si mal.
2. A la manière d’Archimboldo (Bankiiz Editions)
Découvert en espace presse, A la manière d’Archimboldo est un jeu destiné aux enfants dans lequel nous devons composer un tableau à l’aide d’éléments magnétiques. On tire au hasard un thème, une tenue enneigée par exemple, et chacun pioche dans les magnets à la disposition de tous pour composer son œuvre. Pas de sablier, chacun prend le temps qu’il lui faut. Une fois que tous les joueurs ont terminé, chacun dévoile son tableau et l’explique puis nous procédons à un vote. Pas de véritable enjeu mais un moment de détente et de création, idéal pour les enfants et qui peut s’avérer assez drôle entre adultes. Pas encore en vente, la sortie est prévue courant Mars.
1. Next Station London (Blue Orange)
Mon véritable coup de cœur, le voici. Le drame, c’est que le jeu n’est pas encore en vente ni dispo à la précommande. Encore un jeu de transport, mais un draw & write cette fois. Il se déroule en 4 tours, à chaque tour, nous dessinons sur une map une ligne de métro d’une couleur, à la fin d’un tour, nous procédons à une phase de scoring (points pour le nombre de zones traversées, le nombre de fois où la Tamise a été traversée, etc…). Au tour suivant, changement de crayon de couleur et on démarre une nouvelle ligne avec la contrainte que les lignes ne doivent jamais se croiser. Ludique, rapide et original, c’est le jeu que je vais avoir envie de faire découvrir à tous mes amis prochainement. Il n’y a plus qu’à guetter la date de sortie (courant avril vraisemblablement).
Et quelques mentions honorables pour ces autres bons jeux découverts lors de cette édition 2022. Pour commencer, je triche un peu en citant Loco Momo (Blam!), que j’ai acheté sur le Festival mais découvert avant (sans quoi, il aurait été dans mon Top assurément) qu’on pourrait qualifier d’Azul pour enfants, un de mes jeux préférés de ce début d’année. Du côté des jeux un peu plus costauds, nous avons pu démarrer une partie de Mille Fiori (Schimdt) qui m’a laissé une excellente première impression, j’ai juste un mini doute sur la re-jouabilité et le facteur chance, j’espère avoir l’occasion de faire un test complet prochainement pour trancher. Chez le même éditeur que Momiji (Sylex), nous avons pu également découvrir Café, un petit jeu de gestion futé et pas si simple dans lequel on doit produire et livrer notre café. Enfin, nous avons eu la chance de tester Scriptoria (Le lion vert, éditeur de Codex) expliqué par l’auteur Fabien Clavel lui-même, un projet à soutenir sur Ulule dans lequel nous sommes transportés dans le monde de l’enluminure. Illustrations travaillées, matériel soigné et pas mal d’interactions pour un bon jeu de gestion de ressources.
Et voilà pour mon bilan du FIJ 2022. Je vous dis à l’année prochaine, sans aucun doute.
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