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Guerre en Ukraine : un conflit aux multiples facettes

Publié le 06 mars 2022 par Albert @albertRicchi

Carte du pays en Europe

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est un évènement sans précédent en Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Outre l’horreur de la guerre, des bombes, des morts et de l’exode de plusieurs centaines de milliers de réfugiés, s’ajoute pour les Ukrainiens la perspective de revenir à un régime totalitaire rappelant les heures sombres de l’URSS. 

Mais l’horreur de la guerre ne doit pas empêcher un questionnement sur toutes les raisons de cette agression, outre le seul fait de dire que Vladimir Poutine est un autocrate cherchant à restaurer par la guerre la place qu’avait l’URSS dans le monde...

En revenant à un schéma classique et historique de l’invasion d’un pays voisin par un autre, Vladimir Poutine porte la lourde et entière responsabilité de ce retour de la guerre en Europe. Mais malheureusement, pour qui prend un minimum de recul historique, l’Occident porte aussi une certaine part de responsabilité dans ce conflit qui vient de se déclencher.

Un peu d’histoire

Le 9 février 1990, James Baker, alors Secrétaire d’Etat américain, disait exactement ceci : «Nous considérons que les consultations et les discussions dans le cadre du mécanisme 2+4 devraient donner la garantie que la réunification de l’Allemagne ne conduira pas à un élargissement de l’organisation militaire de l’OTAN à l’Est.»

Le lendemain, le Chancelier Helmut Kohl renchérissait : «Nous considérons que l’OTAN ne devrait pas élargir sa sphère d’activité.» 

Le National Security Archive de l’Université George Washington a d’ailleurs publié les mémos, comptes rendus et télégrammes de cette époque, d’où il ressort que les assurances données par les Occidentaux apparaissent dans de nombreux documents enregistrés ou écrits lors des échanges entre chancelleries en 1990 et 1991. On en trouve tous les détails sur le site dédié de l’université, sous la rubrique «NATO Expansion : What Gorbatchev Heard. Declassified documents show security assurances against NATO expansion to Soviet leaders from Baker, Bush, Genscher, Kohl, Gates, Mitterrand, Thatcher, Hurd, Major, and Woerner

L’ancien ambassadeur américain à Moscou, Jack Matlock, a par ailleurs confirmé ces faits dans ses diverses publications. Des garanties ont donc bel et bien été données, même si elles ne figurent pas dans un traité signé en bonne et due forme.

Georges Kennan, lui aussi ancien ambassadeur des Etats-Unis en URSS, dans un article du New York Times paru en 1997, prophétisait la situation actuelle en écrivant que, suite à la rupture de la parole donnée à Gorbatchev, l’admission de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque dans l’OTAN serait «la plus grosse erreur de la politique américaine d’après la guerre froide et ne servirait qu’à enflammer les tendances nationalistes, anti-occidentales et militaristes dans l’opinion russe».

Mais en cette même année 1997, le président Bill Clinton réussissait à étendre l’OTAN à l’Est en admettant de nouveaux membres en échange d’une sorte de «pot-de-vin» de 4 milliards de dollars à son ami Boris Yeltsine, comme ce dernier devait appeler ce cadeau plus tard.

Depuis lors, l’OTAN n’a fait qu’empirer les choses, en admettant sept nouveaux Etats en 2004 et en promettant l’adhésion à l’Ukraine et à la Géorgie en avril 2008, cela à peine dix mois après le discours de Vladimir Poutine à la conférence de Munich, dans lequel il avait exprimé le souhait que l’OTAN cesse son extension. 

En 25 ans, l’OTAN a doublé le nombre de ses membres, tous à l’Est et dans le même temps, l'organisation bafouait le droit international :

  • guerre du Golfe en 1991 (avec l’affaire inventée de toutes pièces des bébés jetés des couveuses koweitiennes).
  • démembrement de la Yougoslavie en 1992.
  • bombardement illégal de la Serbie en 1999 et sécession du Kosovo (justifiés par le pseudo-massacre de Raçak et le soi-disant plan fer-à-Cheval prêtés à la Serbie).
  • invasion de l’Afghanistan en 2001.
  • guerre d’Irak en 2003 (déclenchée grâce aux mensonges de Colin Powell à l’ONU).
  • destruction de la Libye et assassinat de Kadhafi en 2011.
  • tentative de destruction de la Syrie et de renversement de son président entre 2011 et 2019.
  • guerre du Yémen dès 2015, menée sous drapeau saoudien et considérée par l’ONU comme la plus grande catastrophe humanitaire de notre temps. 

Difficile après cela de considérer l’OTAN sous conduite américaine comme un innocent et pacifique club de bridge. Parce que l’Occident s’approchait d’accorder un statut de membre de l’OTAN à l’Ukraine, tout en annonçant à l’avance qu’il n’y aurait aucune intervention militaire en cas d’invasion, la réaction de Vladimir Poutine était malheureusement en partie prévisible, d’autant plus qu’il a préparé depuis des années son pays à mieux supporter les sanctions économiques des pays occidentaux.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est éminemment condamnable mais d’autres voies existaient pour éviter cette nouvelle guerre en Europe, il y a trente ans comme il y a une semaine, qu’Emmanuel Macron et les autres dirigeants occidentaux ont préféré ignorer…

Photo Creative Commons 

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