Biographie - 200 pages
Éditions Prisma - novembre 2021Contaminé par le virus Covid-19 an mars 2020 dans le premier millier de touchés en France, il doit s'isoler de son quotidien de médecin hospitalier francilien. Mais très vite, il sera de retour pour affronter la première vague, puis les suivantes. Confronté à la mort au quotidien, au désastre dans lequel s'enlise l'hôpital et fait déserter le personnel, il va tâtonner, cravacher, sauver, porter son métier à bras le corps. Sans cynisme, il porte un constat amer.
Benjamin Rossi livre un témoignage humain, son quotidien auprès des malades, de leurs familles, des collègues, de sa mère et de sa compagne - quand il parvient à grapiller un peu de temps libre. Il reste pudique et humble, mais il en a gros sur la patate et il y a de quoi. Il veut dire fort ce qui l'indigne plus encore depuis la crise du Covid-19. Il veut dénoncer la fragilité extrême du médical hospitalier, le recours aux vacataires (mercenaires) rémunérés plus de 1000 euros la journée, les cabinets d'expertise qui mènent à des politiques économiques hors-sol, l'argent versé à flot pour des tests PCR ou des séquençages alors que la panne d'une pièce d'électroménager obligeait les aide soignantes et infirmières à laver la vaisselle à la main...Extrait :"Dans le reflet de la vitre, mon visage s’était creusé. Manifestement j’avais perdu du poids, cinq kilos en une semaine. J’envisageais de revenir travailler après le week-end si mon état continuait de s’améliorer. Je pensais à Marie et Guilène, mes collègues médecins qui étaient toutes seules dans la tourmente. La quinzaine d’isolement n’était plus de rigueur pour les soignants étant donné le manque de personnel. C’est alors que je reçus une alerte sur le fil WhatsApp de notre service. Le message d’un médecin de Mulhouse, dont je copie ici les principaux extraits. C’était le 15 mars 2020.
Mulhouse,
Chers collègues,Je me permets de m’adresser à vous pour un petit retour d’expérience sur ce que nous traversons depuis trois semaines d’épidémie Covid-19.
Les multiples appels téléphoniques que j’ai reçus depuis trois jours de collègues de l’ensemble du territoire semblent montrer que l’importance de la situation est totalement sous-estimée."
Pendant les périodes d'accalmie, entre sa recherche d'appartement, sa mission inutile en Guyane, ses questionnements sur une démission, ses sollicitations sur les plateaux télé où il ne lui semble pas que sa voix porte, les désinformations du Dr Raoult et des complotistes, le dévouement des équipes du public qui n'ont pas eu droit à une juste reconnaissance et revalorisation pour les services rendus contrairement à celles du privé, il sort la tête de l'eau. Au fond, c'est un journal du quotidien qui nous apprend beaucoup des réalités et des usages hospitaliers, et des réflexions autour des coups de canif portés au service public, la tarification à l'acte et la surprotection du secteur privé qui conduit à l'extinction de l'hôpital - ce service fondamental au maintien de la paix sociale.Une lecture passionnante et édifiante.