Ensuite je pense à toi au lit,
ta langue moitié chocolat, moitié océan,
aux maisons dans lesquelles tu t’élances,
aux cheveux en laine d’acier sur ta tête,
à tes mains obstinées et puis à notre façon
de ronger la barrière parce que nous sommes deux.
Ta façon de venir et d’ôter ma coupelle de sang
et de me relier à moi – même et de recevoir mon suc.
Nous sommes dépouillés. Nous sommes mis à nu jusqu’à l’os
et nous nageons en tandem et remontons la rivière
de plus en plus haut, cette même rivière appelée Mienne
et nous y entrons ensemble. Personne n’est seul.
*
December 11th
Then I think of you in bed,
your tongue half chocolate, half ocean,
of the houses that you swing into,
of the steel wool hair on your head,
of your persistent hands and then
how we gnaw at the barrier because we are two.
How you come and take my blood cup
and link me together and take my brine.
We are bare. We are stripped to the bone
and we swim in tandem and go up and up
the river, the identical river called Mine
and we enter together. No one’s alone.
***
Anne Sexton (1928-1974) – Eighteen Days Without You – Tu vis ou tu meurs, Oeuvres poétiques (1960-1969) (Editions Des femmes) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh.
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