ce doit être ma cinquièmeou sixième visite californiennedepuis la première foisen mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf
j’y suis venue avec mes deux filsalors âgés de dix et huit ansj’étais célibataire et je traînais avec moila carte postalequ’un homme dont j’étais follement amoureusem’avait envoyée d’italie
c’était une année tristemélancolique
j’ai beaucoup aimé la californiedepuis
sa grandeur m’a rentré dedanssa nature aux monstrueuses proportionsl’océan frappant violemment ses flancsde faille tectonique devenue falaisetout y est immenseses autoroutes nombreuseset largessur lesquelles on roule comme on déroule un ruban de costarde veloutée
on y est bien
chaque fois que je la visiteje me demande comment je feraispour pouvoir m’y établir
cette année alors que je regarde vers le futurde façon mémère en pensant à prendre une retraitede la fonction publique dans une quinzaine d’années et réduire la portée de mon énergievers une campagne menueje suis frappée de plein foueten foulant des piedsla rue divisadero à san franciscoprise à nouveau de l’enviede recommencer ma vieavec la certitude que l’homme-chatm’y suivraiten pensant toujours que pa’ et ma’s’y sont installés bien après la cinquantaine y ont travaillé étudié et appris de nouveaux métiers et que j’en ai encore l’énergie
cette pensée me stimuleme rajeunitet me donne confianceque si je voulais vraiment venir m’installerici il me faudrait faire les démarches trouver un emploi d’abordafin qu’un employeur me parraineet que je m’y installe tranquillementet que je trime fortpour gagner ma vie
sauf pour le climat la vie y serait assurément plus ardue qu’à montréal à compétences égales san francisco et la bay areacomptent beaucoup plus de compétition mais cela réveillerait la travaillante en moitrop jeune encorepour penser à la retraite
peut-être que comme chaque foisce n’est que la fibre du rêve on verra bien…
if you come to san franciscosummertime will be a love-in there.