Boris Vian en 1948.
" Novembre 1939
Lundi 21h15
Ma vieille Pouche*
Tu sais plus bien sur quel pied danser, tu en as un qui s'en va, l'autre qui arrive, et ça se mélange, mais t'en fais pas tout ça se tassera. J'ai reçu deux lettres de toi aujourd'hui, rien de Monette** , hier ni aujourd'hui, je suppose que c'est la poste à moins qu'elle ne soit toujours fâchée. Il n'y avait pas de quoi - alors c'est la poste.
Je te parle pas de mes études parce que je m'en fous, de ma santé parce que je m'en fous, de mes distractions parce qu'elles m'emmerdent, etc.
Il y a qu'une chose de formidable ici, c'est la qualité de l'emmerdement.
C'est record...
Novembre 1939
Jeudi soir...
Est-ce que le patron va vraiment mieux et a-t-il éjecté son rocher ?*** Cet homme est bien ennuyeux avec sa manie de construction. Enfin si le plus mauvais moment est passé, tout va bien...
[...] faut que j'éteigne pour pioncer... te souhaite le bonsoir ainsi qu'aux autres éléments de cette famille éparse. "
Bison.****
Boris Vian, extrait de "Correspondances 1932-1959", Arthème Fayard, 2020.* Surnom parfois donné à sa maman par Boris Vian.
** Petite amie de BVian.
*** Son père a des calculs rénaux.
**** Surnom de BVian avec lequel il signe beaucoup de ses lettres à sa famille et ses amis.