C’est d’abord l’affirmation d’un « je ».
L’affirmation d’être : « Si je ne suis pas d’ici / le ciel n’est pas le ciel ».
D’être libre : « Il y a peu de temps que je suis libre / je n’y suis pas habituée / eux non plus ».
Cette existence, cette liberté, il faut encore les gagner dans le langage.
« Je tombe / absente / d’une mélancolie /sans rythme ».
Lorrie Jean-Louis, dans la deuxième partie du recueil, reprend les mots de Langston Hughes : « Je suis l’Amérique ». Pour elle, il n’est pas question de s’asseoir à table plutôt que de rester aux cuisines ; il lui importe de remarquer comme le blanc « tache tout ». Elle nous invite dans la mer, la rivière, le fleuve, et chante dans un créole qui « vient de l’absence ».
Je rêve d’un pont
entre ma solitude
et sa peau
nous le franchissons
comme deux voleurs
qui s’aiment
sa peau
replète de tous mes roses
et mes violets
demande en noir et blanc
une version douce
des chemins de mes amours
je dis oui
et je tends du mieux possible
mes camaïeux
il me redemande du noir et du blanc
je ne connais pas ces couleurs
En cliquant sur la couverture du livre, vous entendrez, dans une courte vidéo, Lorrie Jean-Louis parler de cet ouvrage et de l'intérêt qu'elle porte à Toni Morrison.