Blanche-Neige, chorégraphie et film d'Angelin Preljocaj

Pas besoin du texte pour raconter cette histoire, Angelin Preljocaj choisit un conte de Grimm, écrit  deux cents ans plus tôt. Ce ne sera donc pas la même histoire : elle a déjà été si souvent racontée que chacun.e en porte le déroulement dans sa mémoire. Tout ici est arrivé après. Au cours de ces deux siècles qui séparent (ou relient) l’écriture du conte et la chorégraphie. La musique est de Mahler. Les costumes, de Jean-Paul Gaultier. Les décors, de Thierry Leproust. Vingt quatre interprètes, un ballet. Le chorégraphe fait apparaître le jeune homme (qui sauvera Blanche-Neige) au début, avant même l’arrivée tonitruante de la marâtre. Voilà déjà qui modifie le conte. Mais là n’est sans doute pas l’essentiel. Même si cela dit que l’amour ne surgit pas d’un baiser mais que le baiser en est l’aboutissement. Dans cette histoire, le chorégraphe fait de la marâtre la figure centrale dont le miroir est la projection du désir. 

Je ne sais pas pourquoi, regardant ce film, me sont venus à l’esprit des mots de Gérard de Nerval : « c’est nous, vivants, qui marchons dans un monde de fantômes ». 

J'ai vu ce film sur une proposition de MK2 Curiosity. L'image ci-dessus en est extraite.