La saison des orphelins

Par Rob Gordon
Chaque tentative de faire du cinéma fantastique en France est à accueillir les bras grands ouverts, tant cela semble être le croix et la bannière pour monter un film de genre dans notre beau pays. Seulement voilà, La saison des orphelins ne brille que par sa maladresse et son incapacité à faire oublier un manque criant de moyens. Partant d’une situation type Les disparus de Saint-Agil, David Tardé développe une sombre histoire mêlant les pensionnaires d’un orphelinat aux prises avec une affaire de sorcellerie. Construit sur deux époques distantes de trente ans, le film révèle peu à peu des informations sur ce qui est arrivé aux orphelins, changeant ensuite de période pour montrer les conséquences du drame sur les habitants du village ainsi que les efforts du héros pour se souvenir des évènements passés. Malheureusement, ces belles intentions ne se traduisent à l’écran par rien de bien consistant, l’intrigue dévoilant sa propre vacuité à mesure que les informations nous arrivent.
Pire : la confrontation entre Laurent Lucas et Aurélien Recoing tourne au ridicule, notamment lorsque ce dernier se met à aboyer et baver comme un vulgaire cabot pour montrer sa rage. En guise de scènes d’angoisse, on doit subir pendant de longues minutes les bruits de succion d’une grand-mère aspirant sa soupe. Une fois rassasiée, elle se mettra à faire de grands gestes en traitant tout le monde de « sodomite » et autres noms d’oiseaux. Sinistre. Car s’il est évidemment difficile de faire du vrai bon fantastique lorsque le budget alloué aux effets spéciaux est réduit à zéro, cela n’excuse pas l’inanité du scénario et la pauvreté de la mise en scène – on dirait du Jean Becker. Extrêmement dispensable.
2/10
(également publié sur Écran Large)