Le Consortium, février-mai 2022

Publié le 26 février 2022 par Doudonleblog

Le Consortium, 37 rue de Longvic à Dijon propose une exposition de 5 artistes contemporains jusqu’au 22 mai. Du mercredi au dimanche, 14-18h (5 €). Visites guidées aussi, se renseigner: 03 80 68 45 55

Sergej Jensen, artiste danois né en 1973.

Les toiles de Sergej Jensen sont bien des toiles, oui, oui! Mais elles ne servent pas forcément de support à de la peinture. Il y en a un peu, ici ou là, mais plutôt timide, l’essentiel étant dans les pièces de tissus qui garnissent la surface (encore que la toile brute est parfois également laissée en réserve.)

Provenant, pour la plupart, d’anciennes toiles de l’artiste, laissées pour compte, déchirées, découpées, ces lambeaux s’assemblent tant bien que mal pour former un tableau. Non! Rien à voir avec du patchwork! Les couleurs, les rythmes, les compositions et la destination elle-même sont à mille lieues!

Ces oeuvres de Sergej Jensen ont un goût de nostalgie. A cette époque (l’artiste commence ce travail dans les années 2000), où est passée la peinture? Elle a perdu sa place primordiale en art, dit-on. Ses toiles à lui seraient un rattrapage, un pis aller, ou un geste de dérision, ou même une pauvre moquerie…je ne sais pas. Quand on pénètre dans la salle, on a d’abord, le temps d’un éclair, l’impression d’être devant des peintures…Et puis, on voit les coutures maladroites, les effilochages ratés, les déchirures, les plis, les trous, les lignes bancales et les imperfections diverses. Les teintes sont tristes ou pâles, délavées, lessivées. Une image de pauvreté. De déclin.

C’est un travail qui peut nous atteindre, dans la mesure où l’on sent que cet artiste cherche peut-être à rafistoler la peinture qui se meurt, la récupérer à travers son support lui-même. Tout en montrant que ce sauvetage est dérisoire. On a le droit d’y voir une certaine beauté. Car l’artiste reste artiste et il ne se fiche pas complètement des compositions. Le plaisir esthétique existe, pour moi, dans cette salle, bien évidemment.

Nathaniel Mary Quinn est un artiste afro-américain né à Chicago il y a une quarantaine d’années.

Depuis quelques temps, sa spécialité est le portrait composite. Un travail de peinture, proche du collage. Avec fusain, gouache, pastel, acrylique etc, il assemble des fragments formant un visage hybride. D’apparence souvent monstrueuse, évoquant parfois les gueules cassées de la première guerre mondiale… Des visages fracturés, déstructurés. On pense aussi à Bacon.

« Chacun de nous est une cacophonie d’expériences » dit Nathaniel Mary Quinn. Il exprimerait donc cet amalgame que constitue chaque vie. Ses portraits seraient ainsi formés de morceaux de mémoire et d’inconscient.

J’ai peur, malgré tout, que cet artiste ait trouvé là un « système » et s’y tienne, montrant beaucoup de brio dans ses réalisations, mais ne cherchant pas plus loin. J’espère me tromper.

Pour les autres artistes…ce sera pour plus tard!!

-Elizabeth Glaessner

Tursic et Mille