Comme des images

Publié le 25 février 2022 par Adtraviata

Présentation de l’éditeur :

Il était une fois… des ados sages comme des images, dans un très prestigieux lycée. L’histoire commence le jour où Léopoldine a cassé avec Timothé pour Aurélien. Ou bien le jour où Tim a envoyé un mail avec des images de Léo à tout le monde. C’est ici, dans ce très prestigieux lycée, que tout va se jouer. Léo a une journée pour assumer ces images.
Mais il faut vite régler cette histoire pour pouvoir penser à autre chose, aux maths et à la physique, à la première S.

Parce qu’on ne plaisante pas avec ces choses-là, par ici.

Un des premiers romans pour grands ados de Clémentine Beauvais et il contient déjà de nombreuses qualités tout en me laissant un peu sur ma faim.

Nous sommes au lycée Henri IV, surnommé « Hache IV » : un surnom qui témoigne de la pression que subissent les étudiants qui en sont virés s’ils ne maintiennent pas la tradition d’excellence et le presque 100 % de réussite au bac, qui vous garantit les filières d’études les plus brillantes et la réussite assurée dans la vie. Dans cet univers impitoyable, Clémentine Beauvais joue avec subtilité des jeux de miroirs que provoque le couple de jumelles mis en scène, autour duquel gravitent des garçons amoureux de Léopoldine, Timothée et Aurélien, et surtout la narratrice, qui n’a pas de nom, et pour cause. Elle a d’abord été amie avec Iseult, trois semaines au bout desquelles Léopoldine est revenue en classe et sur un quiproquo, a « remplacé » sa soeur. La narratrice a alors aveuglément suivi Léo, sans se rendre compte que celle-ci avait un art consommé de se servir des autres pour briller. Quand Léo rompt avec Timothée et que le garçon poste une vidéo compromettante sur les réseaux sociaux, le lycée met en place toute une tactique pour faire comme si de rien n’était, ou presque (rien ne doit arrêter le train de la réussite) et Léo elle-même semble passer au travers au bout d’une journée.

Cet aspect du roman paraît invraisemblable mais je me dis en écrivant ce billet que la romancière a sans doute joué avec subtilité des codes de la tragédie : unité de lieu, de temps et d’action, même si les nombreux retours en arrière permettent de comprendre la complexité des relations entre les jumelles et la narratrice. Jeux de miroirs, jeux de dupes, jeux de pouvoir entre ados, manipulations, mais aussi souffrances, non-dits, tels sont les thèmes et entrelacs de ce roman qui ne manque pas, malgré tout, d’un certain humour noir.

« Oh, pas seulement le résultat du contrôle, mais ce que cela prophétisait de notre vie d’après. Derrière chacun de nous sur le bord de sa chaise se tenait une famille qui agrafait des espoirs et des exigences depuis sa naissance à ses photos de classe et qui répétait Mais oui, ma fille est en seconde à Henri-IV, elle va être chirurgienne, polytechnicienne, astrophysicienne, agrégée de mathématiques. »

« Trois semaines de fiches à remplir (nom et matricule, matières favorites, livres favoris, quel métier voulez-vous faire plus tard, et surtout profession des parents s’il vois plaît, n’oubliez pas la profession des parents, ça nous aidera à décider si vous serez puissant ou misérable, un petit soldat docile ou un emmerdeur. »

« -Ah, je vois que nous avons maintenant une deuxième mademoiselle Gauthier, a remarqué la prof de français. Iseult et Léopoldine… Vos parents ont l’air d’aimer les prénoms féminins à destinée tragique ! »

« Tout le monde se confond avec tout le monde. On s’attend toujours à ce qu’on arrive pile à tel endroit, à tel moment, et donc c’est toujours exactement ce qu’on fait – on pourrait aussi bien être quelqu’un d’autre sans que ça se remarque. On passe d’une personne à l’autre, on parle à l’un comme à l’autre, on confond tout le monde… On se laisse tomber et on se récupère comme si rien n’était arrivé. Il n’y a rien de solide nulle part, rien ni personne n’est irremplaçable. On vit parmi nos propres doublures. Et même quand, une fois de temps en temps, on essaie de se faire un peu imprévisible, ça rebondit sans même denter la carrosserie. »

Clémentine BEAUVAIS, Comme des images, Editions Sarbacane, 2014

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