André Kaas et ses enfants veulent obtenir réparation. Soupçonné à tort en 1992 d’avoir assassiné sa femme, André Kaas, un homme d’affaires dont les entreprises immobilières étaient très prospères au moment de son arrestation et de son placement en détention pour trois ans, est enfin innocenté aujourd'hui du meurtre de son épouse, mais totalement ruiné.
Ses enfants Nathalie, Jérôme et Julien étaient à Paris le 21 février 2005 où ils ont été reçu place Vendôme par le secrétaire d'Etat aux droits des victimes, Nicole Guedj, en compagnie de leur avocat, Eric Dupont-Moretti. Ils lui ont remis l'expertise financière réalisée à leurs frais par le cabinet Mazars Duparc et Associés sur le "préjudice économique subi par monsieur André Kaas". C'est la première fois depuis la réforme Guigou en 2001 qu'une telle requête, d'un montant aussi élevé, est déposée devant une cour d'appel en réparation du préjudice subi.
Le dimanche 5 avril 1992, Sylviane Kaas, 40 ans, est retrouvée assassinée dans la maison familiale, une riche demeure isolée de 700 m2 située à Anneville-Ambourville (Seine-Maritime). Son mari, André, 40 ans, et leurs quatre enfants, Nathalie, 20 ans, Julien, 14 ans, Jérôme, 12 ans et Aurélien, 2 ans, sont tous au cinéma à Rouen au moment des faits. Ce sont eux qui à leur retour vers 19 h 30, vont découvrir le corps de Sylviane Kaas abattue de deux balles avec sa propre carabine 22 long rifle. L'expertise balistique prouvera par la suite que la victime a tiré à deux reprises sur son ou ses agresseurs qui l'ont désarmé avant de retourner l'arme contre elle.
Deux suspects vont être rapidement arrêtés et jetés en prison pour quelques mois avant d'être innocentés. L'affaire piétine et, dix-huit mois plus tard, André Kaas se retrouve à son tour incarcéré par le fait d'une "machination" dit-il aujourd'hui, "clairement antisémite puisque le seul acte qui m'accuse est une déclaration d'un témoin dans laquelle mon nom n'est jamais écrit en dix-huit lignes. En revanche il y a cinq fois le mot "juif" ou " gros juif" ".
C'est en réalité le mode de vie peu conventionnel du couple Kaas qui va sérieusement peser dans la balance lorsque André Kaas sera mis en examen. Adeptes de l'échangisme et fréquentant chacun plusieurs amants et maîtresses, la vie des Kaas ne correspond pas vraiment aux principes moraux de la majorité des habitants de la région. Pour couronner le tout, André Kaas n'a rien du veuf éploré et va installer une de ses maîtresses chez lui quelques semaines seulement après la mort de son épouse.
Mais faute de preuves et en raison du délai très long de l'instruction, André Kaas est libéré le 13 juin 1995 par le juge Thierry Laurent et replacé en détention un mois plus tard le 12 juillet 1995 par Martine Rouleau, présidente de la chambre d'instruction de Rouen, contre l'avis du magistrat et des parties civiles. En 1995 le procureur de la République Joseph Schmidt, reprend le dossier et retrouve une piste totalement oubliée par les enquêteurs: celle d'un vendeur de tableaux à domicile récemment sorti de prison.
André Kaas est libéré le 16 octobre 1996. Le non-lieu ne sera définitif que le 5 avril 2004, douze ans jour pour jour après la mort de Sylviane Kaas.
Entre temps, André Kaas a tout perdu. Durant son séjour en prison, c'est Nathalie, l'aînée de ses enfants, qui va élever seule ses trois jeunes frères. Tous arrêteront prématurément leurs études. La vie de famille est doublement brisée par la mort de la mère et l'arrestation du père. Finie la vie facile et les études garanties par l'aisance financière du père. Seule Nathalie réussira sa maîtrise de droit tandis que les deux fils aînés, pourtant brillants lycéens, ont dû intégrer très jeunes le monde du travail pour subvenir à leurs besoins.
Seize ans plus tard, l'assassin de Sylviane Kaas n'a toujours pas été retrouvé.
En décembre 2007, André Kaas a touché 103000 euros d'indemnisation pour ses trois années de détention provisoire. En revanche la justice refuse de reconnaître les conclusions du rapport du cabinet Mazars qui chiffre les pertes matérielles de la famille Kaas à 1,7 millions d'euros.
Merci à Emmanuel Chatillon pour ce résumé.
Pour aller plus loin, je vous suggère la lecture du livre publié par André Kaas:
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 17 septembre à 18:27
"Soupçonné à tort en 1992 d’avoir assassiné sa femme"
Non lieu, ne veut pas dire inocent ! Cela veut dire qu'on ne peut rien prouver ni dans un sens ni dans l'autre. Votre article prend parti, ce n'est pas le role d'un journaliste !