Rock nation tribute night : Gallows Pole Plays Led Zeppelin au Zik Zak à Ittre, le 19 février 2022
Mitch ZoSo Duterck
06.Good Times Bad Times.
09.How Many More Times / The Hunter.
10.Babe I'm Gonna Leave You.
14.Since I've Been Loving You.
16.The Battle Of Evermore.
Il y a des choses comme ça, des trucs auxquels tu ne peux pas résister, quelque chose qui te laisse parfois un souvenir impérissable, stocké pour l'éternité dans une de tes banques de données personnelles et non moins internes. C'est le cas pour la crème pâtissière, un bon whisky, ton premier ours en peluche, le mariage, à moins que ce ne soit le divorce (non, là je déconne, quoique). Bref, un petit " je ne sais quoi " qui fait que rien qu'une simple évocation active aussitôt en ton for intérieur un processus " bons souvenirs " qui fait que tu veux t'y replonger illico presto (1€ le billet) comme on dit à la Loterie Nationale. Dont acte.
Les mesures de restriction Covid ayant été assouplies, nous voilà " on the road again " comme le chantaient si bien en leur temps Canned Heat et Bernard Lavilliers. Juste le temps de reprendre notre souffle entre deux avis de tempête et nous voilà filant cap sur Ittre par vent arrière, que l'on appelle plus communément " pet ", eut égard à son bruit de sortie. Ça va laisse tomber, ne cherche plus te dis-je, si tu ne les chopes pas au vol, les calembours, même pourris perdent toute leur saveur, à l'inverse du camembert.
Déjà quatre mois que nos Hennuyers préférés ne se sont plus produits en public puisque à cette période là, on était censés tous mourir dans d'affreuses convulsions et que donc, on ne pouvait pas le faire une dernière fois tous ensemble (mourir). À première vue on dirait qu'on est encore tous là, il y a même des nouveaux venus qui ont déjà l'air vieux ! Comment font-ils ? Au Zik Zak, c'est toujours le même plaisir, Annick, Nicolas et toute leur joyeuse équipe sont fidèles au poste avec un grand sourire et un mot sympa pour nous accueillir comme il se doit. En plus, nous sommes dispensés de masques, que pourrait-on demander de plus ? Dans les groupes de fans et/ou de curieux autour de moi, j'entends des gens qui se plaignent que la veille, dans un autre club du pays, le public se serait fait dégager à 23 heures alors que l'autorisation portait le couvre-feu à minuit. Ça râlait sec en tout cas, je cite : " on nous prend pour des chiens ", " c'est vraiment un manque de respect ", " ils ne sont pas sympas " " on vient de loin et même pas moyen de prendre un verre à l'aise ", etc) Certains parlaient même de boycotter définitivement l'endroit. Je ne juge pas, je rapporte ce que j'entends dans la salle, c'est tout.
C'est donc sous la férule du Herr Kapellmeister Franco (pas le général, l'autre ) qu'ils nous apparaissent tous les six comme des petits-suisses au petit déj'. Rock And Roll enchaîné à Immigrant Song, boum ! Là on sait d'entrée que notre Vincent est en grande forme, et il le restera durant les 20 morceaux du concert. Flamboyant! Non seulement il intègre de plus en plus le jeu de John Bonham que maintenant l'aisance dont il fait preuve derrière son kit de batterie l'autorise à se détacher de la partition originale de son maître à jouer pour y inclure quelques lignes d'hommages brillants, profonds et personnels.
Pour moi qui suis habitué à les voir (38ème fois) je sais tout de suite quand quelque chose ne va pas comme d'habitude. Ce soir c'est notre Jacques qui tourne un peu au ralenti, il n'arrive pas à saisir les notes hautes essentielles dans le répertoire de Led Zeppelin. Exercice dans lequel Robert Plant restera pratiquement le maître incontesté entre 1968 et 1973. Notre Jack, en vrai chanteur intelligent qu'il est, ne va pas essayer de se suicider en montant à l'assaut des crescendos stratosphériques. Il va plutôt adapter sa voix parfois un ton plus bas, ne poussant les aigües, qu'à de rares occasions, juste là où il faut, donnant l'illusion qu'elles sont toutes là, bravo pour cette intelligence. Les cinq instrumentistes sur qui il s'appuie assurent à fond, comme d'habitude devrais-je dire. On sait que le groupe a préparé le quatrième album dans son intégralité et que tout cela fera l'objet d'une série de concerts bien ciblés. Alors, si je ne dois plus parler que d'un seul morceau du spectacle, ce sera The Battle of Evermore, un de mes préférés, un intouchable selon moi. Et bien je me suis trompé, ils l'ont fait, sans la seconde voix tenue par Sandy Dany, la chanteuse de Fairport Convention, invitée sur ce morceau du 4ème album. L'arrangement proposé est tout simplement splendide, j'en suis resté bouche bée. Le morceau va crescendo jusqu'à l'instant sublime où Vincent utilise des mailloches pour frapper ses fûts, leur arrachant la lugubre sonorité des tambours de guerre, tandis que Manu nous gratifie d'une excellente partie de claviers dans laquelle il inclut un petit solo. Rien de démonstratif ni de pompeux mais tout simplement en place et juste. On se retrouve plongé en plein Seigneur des Anneaux de Tolkien, c'est fou ! On sent la rage et l'âpreté des combats, le sang, la sueur, la mort. Les mecs, écoutez bien mon conseil, remplacez le son du clavier par un son de cornemuses uniquement lors du solo et ce morceau méritera de figurer sur n'importe quel tribute à Led Zeppelin.
Le somptueux et arabisant Kashmir termine cette soirée de folie qui a encore gagné de nouveaux fans qui viendront désormais grossir nos rang. Et Jacques me direz-vous ? Il a tout simplement prouvé qu'il était un grand frontman et un vrai pro . Le deuxième set, il se l'est approprié, il l'a tout simplement sublimé ! Aussi vrai que le Phénix renaît de ses cendres, notre homme a émergé des limbes pour tout dévorer. Les deux autres acteurs dont je n'ai pas parlé s'appellent Thierry et Mario qui ont été à l'image du band : parfaits ! Merci Gallows Pole.
Nous on reprend la route du Condroz avec cette merveilleuse musique plein la tête, l'esprit vagabondant par delà les Misty Mountains.
Thierry Le Bon, Franco Cravotta, Mario Maffeo, Vincent Sànvénicotra, jJack Gallows,