Dans la polémique qui nous oppose aux islamistes, nous oublions souvent de citer ceux qui ne cessent de leur dérouler le tapis rouge et de légitimer, de fait, leurs discours
haineux et rétrogrades ainsi que leurs menaces de mort et leurs intimidations.
Lorsque je reçois une menace de mort, je peux sourire, rire ou pleurer, mais je finis toujours par me dire que les
islamistes occupent parfaitement leur rôle et c'est d'ailleurs pour cela que je fais partie de ceux qui les combattent. C'est une question de bon sens : je ne m'attends pas à rencontrer un
fanatique, sympathique, plein d'humanité, de compréhension et d'amour pour son prochain. Par essence, un fanatique, et à fortiori un islamiste, est un être vil, mauvais, extrémiste,
tueur, débile, archaïque, rétrograde, réactionnaire, assassin, méchant et j'en passe. S'il avait été le contraire, ce serait d'ailleurs inquiétant pour nous. Parce que cela voudrait dire que nous
serions en guerre contre des gens civilisés. C'est dire que lorsque je reçois une menace de mort, je suis conforté dans mes convictions et dans mes positions et je finis par me dire, en toute
humilité, que j'ai eu raison de consacrer ma vie à me battre contre cette pieuvre, contre ce fascisme, qu'est l'islamisme.
Ce qui me choque, me déçoit, me
chagrine et de me dégoute en réalité ce ne sont pas tant ces « fous de Dieu » ou ces fous de Satan. Ceux qui me dégoutent sont, avant tout, les idiots utiles. Et j'en croise de plus en
plus souvent. Ils sont même fiers de ce qu'ils font et de ce qu'ils disent.
Il est difficile pour moi de
reconnaître que la plupart d'entre eux sont des gens de gauche. C'est d'autant plus difficile que je me suis toujours reconnu dans les grandes idées progressistes et démocratiques. En clair, j'ai
toujours été un homme de gauche et je ne me vois pas être autre chose qu'un homme de gauche. Et c'est de ce point de vue qu'il m'est insupportable de constater le décalage que j'ai depuis
quelques années avec ceux qui sont censés appartenir à mon bord politique.
Je prends un exemple. Comme il
est difficile de se sentir d'accord avec un homme comme Eric Zemmour. Je considère ce dernier comme l'illustration de ce qu'il y a de plus réactionnaire dans le monde médiatique français. C'est
un homme certes intelligent, mais son intelligence est au service d'une idéologie droitière, conservatrice, machiste qui m'a toujours insupporté. Mais honnêtement, je dois le reconnaître, j'ai
été, une seule fois, sur un seul sujet, d'accord avec lui.
Je m'explique : aujourd'hui, un ami m'a conseillé de regarder comment Robert Redeker a été
« accueilli » lors de son passage dans l'émission de Laurent Ruquier sur France 2 en mai dernier. J'avoue que je l'avais raté et donc, d'une certaine manière, je m'étais épargné la
nausée que je viens d'avoir. Parce que c'est après le visionnage de cette vidéo sur le Net que j'ai décidé d'écrire cet article.
D'abord, Robert Redeker, est devenu un ami. C'est un ami avec lequel j'ai des désaccords, mais c'est un ami quand même. Je n'ai pas été d'accord avec certains passages contenus
dans sa fameuse tribune du Figaro, mais je l'ai soutenu et je continuerai à le soutenir. Comment ne pourrait-on pas soutenir un philosophe ou un écrivain lorsqu'il est menacé sous prétexte qu'il
dit des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord ? Dans quelle démocratie cela peut-être imaginable ? Quelle est la pensée voltairienne qui nous le pardonnerait ? Mais le
problème ne réside pas à ce niveau uniquement. Le problème est plus profond, plus grave et il cause énormément de mal aux musulmans et notamment aux démocrates et laïques d'entre eux.
J'ai entendu, par exemple, au cours de l'émission quelqu'un s'indigner et lancer « Mais on ne peut pas heurter
des croyants ». Ah bon ? Dans quelle civilisation ? Chez quels philosophes ? Dans quels grands livres ? a-t-on lu une telle ineptie. On a tendance d'abord d'oublier,
soi-dit en passant, et c'est un croyant qui le dit, que beaucoup de religieux ne se privent pas de « heurter » les non-croyants. Lorsqu'en islam, il est clairement dit que les
« athées sont voués à l'Enfer », ce n'est pas, en quelque sorte, heurter les non-croyants. Lorsque ces derniers sont considérés, dans le meilleur des cas, comme des « brebis
égarées », comme des « ignorants » ou comme des « inconscients », ne sont-ils pas heurtés dans leurs convictions intimes et profondes ?
Mais de plus, depuis quand, nous n'avons plus le droit de discuter, de débattre, de décortiquer les dogmes ou même
d'être injustes à leur sujet ? Les religions et les civilisations n'ont-elles pas évolué parce qu'elles ont été discutées, débattues et parfois violemment, attaquées ? En fait, ce que
les « idiots utiles » veulent nous dire, c'est que ce qui a été possible pour le judaïsme ou le christianisme n'est pas possible pour l'islam. Les musulmans doivent demeurer dans leur
obscurantisme crasse et leur ignorance totale. En somme, si je considère que Dieu m'a expliqué dans le Coran que les « juifs sont des porcs et des singes », je me dois de ne rien dire,
de ne pas discuter, de ne pas réfléchir, de ne pas critiquer, sous peine de mort, décidé par un idiot de l'UOIF ou par un illuminé d'Al-Qaïda, ou encore par un débile illettré de Paris, Damas ou
Alger, et de prendre à la lettre un tel verset et l'appliquer dans ma vie quotidienne en considérant chaque juif que je rencontrerais demain matin comme un « singe ou un
porc ».
« Il faut faire preuve de responsabilité à l'égard des musulmans ». C'est là une autre phrase prononcée au
cours de l'émission. Que veut-elle dire sinon que ces musulmans sont tellement bêtes, ignorants, incultes et incapables de comprendre les valeurs universelles, les droits de l'Homme, la liberté
d'expression qu'il est nécessaire de les infantiliser et de ne pas les considérer comme des êtres adultes et responsables. En gros, les « idiots utiles » nous expliquent que lorsqu'on
est caricaturiste danois on peut dessiner Jésus parce que les chrétiens sont intelligents, qu'on peut se moquer de Moise parce que les Juifs sont tolérants, mais qu'on doit faire preuve de
« responsabilité » et surtout de ne pas caricaturer Mahomet parce que les musulmans sont tellement cons qu'ils ne comprendront ni l'humour ni la subtilité contenues dans un dessin de
presse. Cela, chers amis, ce n'est pas autre chose que l'expression d'un racisme mondain qui sévit en Occident et qui sévit notamment à gauche.
Laurent Ruquier aura le mot qui représentera à mes yeux le clou de l'émission. Il dira à Redeker quelque chose du
genre : « il faut écrire de façon moins violente lorsqu'on ne veut pas avoir des réponses aussi violentes ». Voilà, en somme, Ruquier, représentant de la gauche bobo qui nous
explique, en substance, que lorsqu'on veut rester en vie, il ne faut surtout pas « heurter » un intégriste. Oui ! Très bien, je comprends donc que Redeker a bien cherché sa
menace de mort, Tahar Djaout, le premier journaliste algérien assassiné par les islamistes, a, lui, bien cherché ses deux balles de la tête, Katia, la fille qui refusait, à Alger, de porter le
voile, a bien cherché sa décapitation, le Chevalier de la Barre a provoqué son supplice, etc.
C'est-à-dire que si nos femmes et nos filles ne veulent pas être violées par un détraqué sexuel, il ne faut surtout
pas qu'elles portent une minijupe. Parce que, voyez-vous, Monsieur Laurent Ruquier, une minijupe, c'est « très violent » pour un détraqué sexuel ; un homosexuel, c'est aussi
très violent pour un homophobe ; un noir, c'est très violent pour un raciste, un Arabe, c'est très violent pour un skinhead, un juif, c'est très violent pour un nazi et la liste est encore
longue.
Arrêtons donc d'écrire des
tribunes sur l'islam, cessons de critiquer l'islamisme, n'acceptons plus que nos femmes ou que nos filles portent des minijupes, les noirs doivent cesser d'être noirs, les Arabes devront arrêter
d'être des Arabes, les juifs sont obligés de se déjudaïser, les homosexuels doivent revenir à la raison et devenir hétérosexuels. En somme, arrêtons toute critique des dogmes, des religions,
cessons toute attaque contre les fanatiques et les intégristes, sinon nous sommes morts. Mais en ayant ce genre de débats ne sommes-nous pas déjà morts ou, à tous le moins, résignés à nous
laisser submerger par l'intolérance et l'intégrisme ?