Après avoir établi que c'est là un grand bien, un avantage qui surpasse de beaucoup la nature humaine, comme cela semblait incroyable à un grand
nombre, il le confirme par le passé, en disant: «Pour ceux qui, selon son décret, sont appelés ». Considérez qu'il parle ainsi en présupposant la vocation. Pourquoi Dieu n'a-t-il pas dès l'abord
appelé tous les hommes, ou pourquoi n'a-t-il pas appelé Paul avec les autres apôtres, puisque ce délai semblait désavantageux? Et pourtant l'événement a prouvé que ce délai était utile. Il parle
ici de décret, pour ne pas tout attribuer à la vocation, parce que les Gentils et les Juifs auraient pu le contredire. Si en effet la vocation avait suffi, pourquoi tous n'étaient-ils pas sauvés?
Voilà pourquoi il dit que ce n'est pas la vocation seule, mais le décret, qui a opéré le salut des élus : car la vocation n'imposait aucune nécessité, ne faisait point de violence. Tous donc
étaient appelés, mais tous n'ont pas obéi. « Car ceux qu'il a connus par sa prescience, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils ». Voyez-vous ce comble d'honneur? Ce que
le Fils unique était par nature, ceux-ci le deviennent par grâce. Et cependant il ne se contente pas de dire « Conforme » ; il y ajoute encore autre chose : « Afin qu'il fût lui-même le premier
né (Rm 8,29) ». Et il ne se borne encore pas là, car il ajoute : « Entre beaucoup de frères », voulant en tout montrer le lien de parenté. Mais comprenez bien que tout ceci s'entend de
l'Incarnation; car, selon la divinité, le Christ est Fils unique.