Capture (HYX éditions)

Publié le 06 août 2008 par Gregory71

Depuis plusieurs semaines, je travaille sur mon projet de catalogue monographique édité par HYX. Les bonnes nouvelles s’accumulent, les subventions arrivent à bon port, les participations se multiplient. Ce contexte est bien sûr enthousiasmant.

Sans vouloir faire un livre-objet, un livre d’artiste au sens d’un objet proprement artistique, ce qui me semblerait quelque peu précieux, ce projet me permet de faire retour sur ma pratique au cours des 10 années écoulées et de réfléchir au statut de l’archive, de la mémoire, de l’explication. Il y a bien sûr au coeur d’un tel ouvrage un conflit, celui de la représentation prise entre les images et les textes. Que signifie documenter un travail? Et cette question est bien moins scolaire qu’on ne pourrait le penser, elle agite profondément mon activité créatrice, toujours sur le fil tendu des concepts et des percepts (c’est une articulation qu’on m’a suffisamment reproché d’ailleurs). Elle est encore plus active dans le champ d’une pratique utilisant activement les médias numériques ou la question du mode d’emploi et de l’explication, de la non-immanence de l’oeuvre, est particulièrement pregnante.

Mais ce catalogue ne sera pas oeuvre car, son titre même l’indique, il ne représente pas des oeuvres, il capture de états passagers de flux que j’essaye de configurer. Capturer au sens de la capture d’écran mais aussi au sens zoologique de la capture animale, activité taxidermique et de conservation qui met à mort. Il y a toujours du deuil dans un catalogue, deuil de choses qui jamais n’ont été vivantes (les travaux) mais qui étaient en tension vers la vie. Désir vivant d’une production, excitation de la réalisation, désir de la monstration, excitation de l’exposition. La rencontre est toujours différée, toujours reportée au-delà d’elle-même et c’est justement cette tension qui permet aux flux de persister, d’excéder les limites de leur territorialité.

J’ai donc voulu documenter, trier les travaux, les regrouper, pousser à bout la logique de la capture comme dans ces cabinets du XIXe. Les travaux sont donc organisés en partie et en sous-parties. Chaque partie est introduite par un texte critique qui porte sur mon travail mais dont l’objet est finalement d’expliciter un concept, une tension, une idée (mon travail n’étant qu’un élément à disposition car on peut mieux parler d’un travail en ne le citant pas directement qu’en en faisant la simple exposition). Les travaux sont également classés par date et associés à des mots-clés de plusieurs ordres: non seulement les techniques utilisées, et j’ai souhaité être précis sur cette question du médium sans pour autant être technologiste, mais aussi les dimensions, les types de travaux, et les concepts, parfois vague, parfois précis, qui traversent mon activité artistique. L’indexation par concepts a été longue, fastidieuse mais éclairante pour moi afin de comprendre ce qui sous-tendait mon travail de façon plus ou moins consciente. Il y a bien sûr des récurrences, des thèmes qui se dessinent, des liens auxquels je n’avais pas pensé.

Un second ouvrage, qui sera sans doute au format de poche, comportera des textes choisis de ce blog qui au fil du temps éclairent mon travail. Mettons-nous bien d’accord, ces textes ne sont pas là pour justifier mes images qui je crois tiennent ou s’effondrent en elles-mêmes. Ces textes donnent un autre éclairage, un autre contexte. Chaque texte a été réécrit pour transformer ces notes simplement jetées en textes lisibles. Il est également associé à des travaux et à des mots-clés. On peut ainsi faire une lecture transversale selon ses intérêts et ses objectifs. Ces lectures croisées entre texte et image me plaisent car elles expriment sans doute l’une des caractéristiques de mon travail. La théorie ne vient pas justifier mon activité esthétique, elle ne la structure même pas, je produis les images de façon plus impulsive, intuitive et désirante que cela. La théorie est en parallèle, elle suit son propre rythme parfois avec des intérêts divergents parfois convergents, des échos se font jour. C’est pourquoi certains travaux n’ont aucun texte, car rien ne vient de la pensée ainsi inscrite. Parfois la rencontre se fait et c’est un hasard de la matière que je suis. Il faudra bien comprendre ce parallélisme pour entendre ce qui se joue dans ce catalogue et dans son titre même. La capture est capture aussi d’une pensée fugitive, à jamais reportée au-delà d’elle-même car si la pensée ne s’orientait pas radicalement vers cet avenir inanticipable elle ne serait que répétition et justification de l’ayant été.

Voici une idée du plan:

DISLOCATION
L’incident
La mémoire des corps
L’espace fragmenté

FLUßGEIST
La localisation
Hors de l’écran
La fiction des flots

VARIATION ET VARIABLES
Le mouvement des corps
Tra(ns)duction
Délais

UNE FICTION SANS NARRATION
Le cinéma anachronique
Le labyrinthe
Sans narrateur

Et quelques mots-clés à la lettre P:

panorama, 33, 75
parallélisme, 181, 187
pardon, 130
Paris, 153
partage, 195
participation, 124, 201
passible, 183
paysage, 196
peau, 15, 52, 56, 77, 173, 220, 227
peinture, 114
perception, 115, 116, 117, 119, 145, 153, 166, 180, 201, 211
perte, 130, 140
peuple, 124, 178, 195, 202
peur, 188
photographie, 228
physis, 138
pionnier, 148
pixel, 37, 59
plagiat, 158
plate-forme, 162
plugin, 220
poésie, 118
point de vue, 19, 77, 79
politique, 122, 135, 137, 140, 141, 152, 161, 200, 219, 224
pop, 37, 58, 108, 111, 112, 129, 133, 136, 140, 154, 163, 183, 184, 192, 193, 198, 210
porno, 55
portable, 21, 213, 216
portrait, 12, 13, 14, 15, 31, 37, 40, 56, 62, 79, 80, 82, 84
possible, 115, 119, 138, 156, 160, 164, 175, 183, 199, 225, 230
post-production, 138
poussière, 153
pouvoir, 198, 216
privatisation, 35, 40, 125, 173
privé, 165
production, 112, 117, 123, 129, 151, 168, 176, 195
profil, 140
programmation, 108, 118, 127, 174, 190, 229
projection, 144, 203
protocole, 216
public, 125, 165, 205, 218, 224
publicité, 184, 210