André Azoulay (au centre) avec Eric Roussel (à gauche) et le rabbin Haïm Korsia
A l’invitation d’Eric Roussel, membre de l’Académie des Sciences morales et Politiques, et biographe renommé, les honorables membres de cette institution prestigieuse, étaient conviés ce lundi, à cheminer aux côtés d’André Azoulay, ancien président de l’Institut Mendès France mais aussi et surtout conseiller du roi du Maroc Mohamed VI.
Le rabbin Haïm Korsia avait d’ailleurs tenu à saluer l’orateur dont toute la vie a été placée sous le signe de l’engagement. A l’écouter, on découvre que l’histoire avec un grand H rend indissociable au Maroc la présence commune des trois grandes civilisations du Livre : le judaïsme, l’Islam et la chrétienté plus tard, le judaïsme étant présent six siècles avant l’ère chrétienne. C’est dire combien cette religion demeure liée à tous les événements passés, présents du royaume chérifien. Le roi marocain descendant du prophète n’est-il pas le commandeur des croyants ? Et ne cite-t-on pas l’exemple du Maroc pour la promotion d’un Islam modéré dans le dialogue interreligieux exalté notamment lors du voyage du pape François en terre marocaine ?
Le thème de la causerie de M. Azoulay ? « Etre juif dans un pays musulman ». Il était donc juste qu’André Azoulay exprime sa gratitude aux membres de l’Académiepour avoir rendu possible « ce rendez-vous improbable et inédit autour d’une autre histoire du judaïsme en terre d’islam, en contrepoint, s’agissant du Maroc, de l’impressionnante refondation de la place, du rôle et de l’héritage du judaïsme dans l’histoire longue du Maroc. »
Sans notes, avec une passion retenue, André Azoulay évoqua tour à tour sa proximité avec Hassan II, le père de Mohamed VI et l’influence qu’il exerce encore auprès de la monarchie marocaine. Une monarchie ouverte au monde, une exception sensible dans la civilisation arabo-musulmane. Et André Azoulay de rappeler les accords d’Oslo très malmenés par les décennies récentes mais porteurs d’espérance pour les hommes et les femmes de bonne volonté. L’optimisme qu’il affiche n’est pas de circonstance. La géopolitique nous enseigne qu’il en effet faudra bien, un jour, que les Palestiniens et les Israéliens vivent dans deux états distincts et dans des conditions de vie et de sécurité auxquelles chaque peuple aspire légitimement.
Domicilié à Essaouira, très jolie ville de la côte Atlantique, André Azoulay a souligné les initiatives culturelles qu’il y a promues notamment dans le domaine musical: « hier place forte d’une proximité et d’une capillarité judéo-musulmane qui n’a pas fini de nourrir notre imaginaire collectif, Essaouira aujourd’hui navire amiral engagé, jamais en retard d’une initiative ou d’une proposition pour porter encore plus loin dans la planète-monde ce message marocain, en terre d’Islam, qui a su résister à l’amnésie et à toutes les conjectures et envoyer depuis le Maroc et vers les horizons les plus lointains le message et les enseignements d’une autre histoire, d’une autre destinée pour un autre futur entre Juifs et Musulmans. »Tout cela est fort bien dit.
Quelques questions furent posées par l’auditoire dont Xavier Darcos, chancelier de l’Académie des Sciences morales et politiques, l’une des cinq académies constituant l’Institut de France. Parmi les académiciens présents, nous avons revu avec plaisir Bernard Stirn dont la cérémonie officielle d’intronisation aura lieu le 4 avril prochain et François Loncle, l’actuel président de l’Institut Mendès France.