La caresse sans cause s’en va de mes doigts,
Elle s’en va de mes doigts… Dans le vent, en passant,
la caresse qui erre sans destin et sans but,
la caresse égarée qui la recueillera ?
Je pus aimer ce soir d’une pitié infinie,
je pus aimer le premier qui vint à passer.
Personne n’arrive. Les sentiers fleuris sont seuls.
La caresse égarée roulera…, roulera…
Si l’on t’embrasse ce soir sur les yeux, voyageur,
si un doux soupir fait frissonner les branches,
si une petite main te presse les doigts
et te prend et te laisse, et arrive et s’en va.
Si tu ne vois pas cette main, ni cette bouche qui t’embrasse,
si c’est l’air qui te laisse l’illusion du baiser,
ô, voyageur qui a le ciel dans les yeux,
fondue dans le vent, me reconnaîtras-tu ?
Alfonsina Storni
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