Il est vrai qu'on y voit un des participants à cette opération portant un dossard frappé de l'emblème de la Croix-Rouge. Le montage des images accrédite la thèse que l'équipe de libération a été filmée avant l'opération. Mais il est très possible, et plus plausible, qu'elle ait été filmée une fois le coup réussi, histoire d'honorer le succès des participants à l'opération.
Il semble en effet que l'ordre chronologique soit assez confus. Du moins dans la version que j'ai vue. L'équipe est d'abord filmée, puis les otages font éclater leur joie dans l'hélicoptère quand ils apprennent qu'ils ont retrouvé le chemin de la liberté, puis on passe à la peinture en blanc des hélicoptères qui ont servi à l'opération etc.
Admettons toutefois que l'utilisation de l'emblème de la Croix-Rouge ait été préméditée par l'armée colombienne, comme se demande 24 Heures du 5 août ( ici ). Dans l'absolu je ne vais pas dire que c'est bien. En effet la neutralité et l'indépendance de la Croix-Rouge sont garanties par les Conventions de Genève, dont la Suisse est la dépositaire, et il est important que, quand il y a une guerre, les belligérants puissent se fier aux porteurs de cet emblème qui ne peuvent être en aucun cas des soldats en action.
A la mi-juillet, quand il a été la première fois question de l'utilisation de l'emblème de la Croix-Rouge on a parlé de "crime de guerre" et de "délit de perfidie", en se référant aux Conventions de Genève. Or pour qu'il y ait "crime de guerre" et "délit de perfidie", encore faut-il qu'il y ait guerre. Or, sous couvert d'action révolutionnaire, les FARC sont surtout des mafieux, qui pratiquent l'enlèvement, l'extorsion de fonds, le trafic de drogue, et exercent des menaces terroristes.
Dans le relatif les choses apparaissent donc moins tranchées. S'il n'y a pas guerre, il ne peut y avoir ni "crime de guerre", ni "délit de perfidie". Comme le rappelle d'ailleurs fort justement Renaud Malik dans Le Matin Online du 17 juillet ( ici ), "l'usage perfide de la croix rouge constitue un crime de guerre lorsqu'il entraîne la mort ou des blessures graves". Est-ce le cas ? Non, puisque l'opération s'est déroulée sans aucun bobo. On a même prétendu que tout y était comédie, d'un bout à l'autre, parce que c'était trop beau pour être vrai. Faudrait savoir...
Dans une chronique datée du même 17 juillet Pascal Décaillet s'interroge ( ici ): "Si cet expédient était le seul, fallait-il y renoncer, et laisser mourir l'otage (Ingrid Betancourt) aux mains des FARC ?". Pour ma part je m'interroge sur le pourquoi de cette campagne médiatique. Je ne suis pas sûr, connaissant les média que ce soit pour nous faire connaître la vérité. Ne serait-elle pas plutôt destinée cette campagne à ternir l'image du président Uribe parce qu'il est en train de mettre à genoux des terroristes de la pire espèce, ce qui doit bien déplaire à ceux qui n'ont d'yeux que pour eux ?
Francis Richard