C'est une planète de platine qui tourne, insouciante, sous un saphir léger. On s'y balade en fantaisie dans le quartier du Vieux Québec, les Jardins du Luxembourg, sur les champs Élysées, et puis soudain on tombe amoureux d'une Émilie, d'une Cécilia ou d'une jolie boulangère qui vend des petits pains au chocolat ou des chocolatines, peu importe. On va au Café des Trois Colombes, on se regarde dans les yeux, on se caresse le velouté des lèvres, on se sent seuls au monde. Et on n'a rien : pas de masque, pas de virus, pas de pass sanitaire, mais on a toute la vie et Nancy au printemps... " Salut les amoureux ! ". On marche en parlant, on refait la philo. On est plein de délicatesse et de précaution, on réserve des chambres à part parce qu'on n'aime pas montrer qu'on s'aime à 18 ans à peine...
Quand on écoute le chanteur au pantalon blanc à pattes d'éléphant, on fait partie de l'équipe à Jojo et on part pour des étés indiens avec des filles en robe longue qui ressemblent à des toiles de Marie Laurencin. On roule à bord d'un vieux tacot, guitares en bandoulière et marguerites sur le capot, et on rêve d'une Amérique qui n'est pas celle de Trump.
Et puis du jour au lendemain, comme dans la vraie vie, " il était une fois nous deux " et tu t'appelles " Mélancolie "... Mais ça va pas changer le monde... Les deux mains sur le ceinturon, les yeux en révolvers, Jojo prévient sa bande : ce monde-là va continuer sans nous " et il aura bien raison "...
Et en effet, aucun mauvais virus, aucun vent mauvais ne menace ni la liberté des fleurs, là-haut sur la colline, ni la chanson de celui qui siffle tant qu'il peut. On garde la fleur aux dents et on ne connaît ni la haine, ni les bombes, ni les convois. Les seuls masques qu'on voit sont ceux des frères Dalton " qui furent l'incarnation du Mal " .... " Et que ceci serve d'exemple à tous ceux que la vie écarte du droit chemin " ...