Pendant deux jours, les sourires de tous les passionnés de ski de fond sont enfin revenus après deux éditions annulées en raison du manque de neige en 2020 et du Covid l’an dernier. Le coup de feu tiré samedi à 9 heures, aux Rousses, au départ de la première course, a mis fin à deux longues années d’attente. Pour fêter ces retrouvailles entre la grande famille du ski de fond et la course la plus populaire en France, la météo était elle aussi au rendez-vous. Grand ciel bleu, soleil et neige parfaite.
Mêmes émotions le dimanche pour les épreuves en skating. Dans l’aire d’arrivée, un homme ne parvient plus à retenir ses larmes. Sa voix tremblotante trahit une émotion aussi immense qu’intense. A 22 ans, Emilien Louvrier vient de remporter la Transjurassienne. Une victoire acquise au sprint au terme des 63 km et 1000 m de dénivelé positif tracés au cœur du massif du Jura. Un effort ultime pour s’offrir le bonheur et le privilège de pouvoir porter autour du cou cette fameuse cloche.
Dans l’épreuve féminine, le dernier mot est revenu à Céline Chopard Lallier, 27 ans, elle aussi skieuse du Doubs (Morteaux). « C’est la course référence et encore plus quand on est Jurassienne, éclaire la sociétaire du Team Nordic Experience. La Transju’ c’est quand même très particulier pour moi. J’ai beaucoup accompagné mon papa qui la faisait quand j’étais petite, j’ai participé à la Transju Jeunes. Cette course fait partie de mon histoire depuis que je suis toute petite. Je suis vraiment très contente. »
Derrière, parfois même très loin derrière, le chronomètre et le classement sont souvent anecdotiques. Du plaisir avant tout. Celui de retrouver ces pistes, de skier au cœur de ces paysages du massif du Jura, la forêt du Massacre, la montée du Risoux et tant d’autres. Celui aussi de traverser tous ces villages, de se sentir supporté, et souvent même porté, de se faufiler au milieu d’un corridor humain dans la fameuse montée de l’Opticien des Rousses.
Des anciens parmi lesquels les sept « sénateurs » qui ont disputé toutes les éditions de la Transju’ depuis la première, en 1980, mais aussi des petits nouveaux. « C’est ma première, raconte Séverine Gaillard, venue des Houches, près de Chamonix, juste avant d’entrer dans le sas de départ. Cela faisait longtemps que j’espérais être là mais j’attendais d’être vraiment prête. Je m’attends à une belle balade dans de beaux paysages. Ce sera une belle aventure. J’espère juste qu’elle ne durera pas trop longtemps ! » Elle aura finalement duré un peu plus de 4 heures. Avec forcément en passant la ligne d’arrivée, un immense sourire.
Un sourire partagé par tous les participants, quelle que soit la course disputée, quelle que soit l’ambition au départ. Pendant plusieurs heures, les splendeurs des Montagnes du Jura ont défilé devant leurs skis. Plus qu’une course, une aventure. Et pour les organisateurs de Trans'Organisation la satisfaction de voir tous les participants partager le même bonheur. « Je découvre l’envers du décor, confie Marie-Pierre Guilbaud, directrice de course et quatre fois victorieuse de la Transjurassienne (1989, 1991, 1994 et 1995). C’est une belle aventure humaine entre les participants, les bénévoles, les dameurs etc. Tout le monde amène sa part pour que ce soit une belle réussite. Il y a beaucoup de travail dans l’ombre, un travail de tous les instants. Nous sommes là pour que les gens soient contents et ils semblent l’être. » Nul doute que beaucoup attendent déjà avec impatience les 11 et 12 février 2023, dates de la prochaine édition. Avec déjà le bonheur d’entendre à nouveau résonner les cloches de la Transju’.
Photos : © B.Sellier - Zoom / La Transju’ ... et moi