LEUR ALLIANCE est désormais scellée. Nexity et les Caisses d'épargne ont présenté hier en grande pompe leur rapprochement. Le promoteur et la banque mutualiste veulent créer ensemble une « grande maison de l'immobilier », selon l'expression d'Alain Dinin, PDG de Nexity. L'opération consacre une « vision partagée du marché », qu'il s'agisse des besoins des particuliers évalués à 500 000 logements, de la demande des entreprises ou de celle des collectivités locales. À eux deux, Nexity et l'Écureuil, qui compte 26 millions de clients particuliers, veulent proposer une offre complète, de la distribution à la promotion en passant par le financement immobilier et le renouvellement urbain. Avec, à la clé, des synergies de revenus. Mais il ne s'agit pas pour autant de passer devant le maire. Les relations seront privilégiées mais « non exclusives ».
Concrètement, l'Écureuil détiendra 38,2 % du capital de Nexity, avant de grimper à 40 % d'ici à la fin de l'année. La banque mutualiste devient ainsi le premier actionnaire du promoteur, devant ses dirigeants et salariés (10,8 %) et la Caisses des dépôts (5,7 %). En contrepartie, les Caisses d'épargne apporteront 25 % du Crédit foncier (filiale de l'Écureuil), la totalité de GCE Immobilier (Keops, Arthur L'Optimist, Lamy, etc.) ainsi que 32,1 % de la foncière Eurosic. Des apports valorisés à 1,3 milliard d'euros. Un montant qui correspond à l'augmentation de capital de Nexity, dont la capitalisation boursière s'élèvera à 3,3 milliards d'euros. L'opération sera soumise aux actionnaires de Nexity le 16 juillet prochain.
Force de frappe renforcée
Nexity, qui devient le « premier acteur intégré des métiers de l'immobilier », table cette année sur un bénéfice net supérieur à 220 millions d'euros. « Nous doublons les perspectives de croissance de ce groupe à travers cette opération », s'est félicité Hervé Denize, directeur général délégué de Nexity. À l'horizon 2012, le groupe espère porter sa part de marché en promotion logement de 10 % à 14 %. En gestion de biens, grâce à l'apport de Lamy, il devrait être « premier ex aequo » en chiffre d'affaires avec Foncia. De son côté, l'Écureuil devrait pouvoir distribuer trois milliards d'euros supplémentaires de prêts immobiliers aux particuliers grâce au réseau de Nexity. À eux deux, ils devraient mettre en oeuvre 100 000 m² supplémentaires de projets tertiaires.
Avec une force de frappe renforcée, Nexity n'exclut pas des acquisitions. Interrogé sur l'éventuelle mise en vente du courtier Meilleurtaux.com, Alain Dinin a déclaré qu'à l'avenir, « il n'est pas question qu'un sujet immobilier soit en vente » sans que le groupe ne l'étudie.
À 56 ans, Alain Dinin reste à la tête de Nexity. Il fait son entrée au comité exécutif des Caisses d'épargne. De leur côté, les Caisses d'épargne détiendront quatre sièges sur onze au conseil de Nexity. Charles Milhaud, président de l'Écureuil, devient vice-président du groupe immobilier.
Cela faisait plus de deux ans qu'Alain Dinin réfléchissait à des solutions d'adossement. L'an passé, l'option Vinci s'était soldée par un fiasco. La piste Icade, filiale de la Caisse des dépôts, avait ensuite été brièvement envisagée.
Les premiers échanges entre Nicolas Mérindol, directeur général des Caisses d'épargne, et Alain Dinin remontent à l'automne dernier. Ils auraient débuté sur un parcours de golf. Les deux hommes envisageaient un mariage entre le Crédit foncier et Nexity. L'adoption d'un « plan B » moins ambitieux, baptisé « Palladio », a finalement permis aux deux groupes de résoudre les problèmes de valorisation ainsi que les réticences de la commission bancaire.
La convergence entre banque et immobilier n'en est qu'à ses débuts. BNP Paribas a lancé son réseau d'Espaces immobiliers, l'Écureuil est devenu actionnaire des agences Arthur, et le Crédit agricole a créé sa marque, Square Habitat. En début d'année, c'était au tour des Banques populaires de souffler Foncia à l'Écureuil.