Il y a quelque temps, j'avais rédigé des billets en lien avec la hausse des prix vécus au quotidien par les ménages en France : un sur le prix de l'électricité, un autre sur le pouvoir d'achat et enfin un dernier sur la nature de ces hausses. Aujourd'hui, je voudrais juste rappeler quelques éléments complémentaires sur l'inflation, car il me semble que nous assistons à une hystérisation du sujet dans les médias.
L'inflation, c'est quoi ?
Selon l'Insee, "l'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix". Tous les mots ont leur importance dans cette définition, ainsi l'augmentation doit être générale et surtout durable pour être qualifiée d'inflation. Or, pour l'instant, comment parler d'inflation après seulement quelques mois de hausse des prix, qui de surcroît s'expliquent pour une grande partie par les goulets d'étranglement résultant de la reprise simultanée de l'activité dans le monde après les confinements ?
Cependant, et c'est le point nodal, l'inflation est avant tout un rapport social. Or, le pouvoir de négociation des salariés concernant le partage des revenus est devenu structurellement faible dans la zone euro. Ce sont donc les éventuels effets de second tour qu'il faut surveiller, c’est-à-dire les éventuelles hausses de salaire liées à la hausse des prix à la consommation. En effet, l'inflation suppose une hausse généralisée et autoentrenue des prix à la consommation. Et pour l'instant, dans la zone euro, si l'on observe des effets de second tour sur la production (hausse des coûts de production liés à des hausses de prix des intrants), rien de tel n’est vraiment visible du côté des salaires.
Évolution du taux d'inflation (IPC) en France
Selon l'Insee, en décembre 2021, les prix de l’énergie reculent, ceux des produits manufacturés sont stables, mais ceux des services et de l’alimentation augmentent. Au total, sur un an, les prix à la consommation augmentent de 2,8 % :
[ Source : Insee ]
Il n'en fallait pas plus pour que ceux qui possèdent le plus de patrimoines poussent des cris d'orfraie, alors qu'ils ne sont pas les plus à plaindre : que dire de ceux qui n'ont que leur modeste salaire et subissent de plein fouet ce phénomène, comme je l'ai montré dans cet article ? En d'autres termes, un certain groupe social a installé le sujet dans les médias comme le problème numéro 1, d'où la multiplication des analyses plus ou moins sérieuses sur les placements financiers contre l’inflation, alors que d'autres n'ont même pas d'épargne et se retrouvent en difficulté pour vivre. Cherchez l'erreur !
Et un graphique pour rappeler la réalité des années 1970-1980 :
[ Source : OCDE ]
L'inflation est-elle mauvaise ?
Plutôt que de longs discours, voici une courte et brillante vidéo d'Olivier Passet, dans laquelle il rappelle qu'un peu d'inflation ferait du bien à l'économie française, mais que des mécanismes d'autocorrection s'activent pour empêcher le retour d'une inflation forte :
En définitive, gardons-nous de jugements trop hâtifs sur l'inflation, d'autant qu'ils sont produits par des personnes qui ne risquent pas de tomber dans la misère...
P.S. L'image de ce billet provient de cet article du quotidien Le Monde.