Paris, Ile de France, France
Mercredi 22 décembre 2021, 21h
Leon Parker: batterie, percussions, chant, scat, souffle, discours
Valentin Ivol: percussions
Luca Fattorini: contrebasse
Tony Tixier: piano
Olga Amelchenko: saxophone alto & soprano
Agathe Iracema: chant
Mélanie Dahan: chant
Chloé? : slam
Lectrices attentives, lecteurs exhaustifs, ce blog vous a déjà chanté les louanges du batteur américain de Toulouse Leon Parker et de la saxophoniste russe de Paris, Olga Amelchenko. Tous deux en concert à Paris au Sunside. Les retrouver dans le même groupe et la même salle pour les 40 ans du Sunset-Sunside excitait ma curiosité ainsi que celle de Mme M-H. Je lui ai prêté l'album " Shaping Motions " d'Olga Amelchenko. Elle le conserve en lieu sûr, hors de ma portée. Ajoutez à ces deux là, une chanteuse franco-brésilienne, un pianiste français, un contrebassiste italien et un percussionniste français, le mélange promettait d'être coloré et pimenté. Il le fut au delà de nos espérances.
Leon Parker commence tout doucement en tapotant ses cuisses. Ca, c'est son truc. Le percussionniste répond de même. Puis ils passent aux baguettes sur leurs instruments respectifs. Le groupe se met à vibrer comme un seul être vivant. Seul le piano se fait attendre. Agathe Iracema chante des sons, pas des paroles. Le pianiste arrête de faire semblant, se met à jouer et se fait entendre. La tension change pour passer à une ballade sensuelle. La rythmique déroule tranquille. Son délicieusement acide du sax alto. Solo de contrebasse souple et chaud. Leon Parker aux balais malaxe ses tambours. Délicates notes de ponctuation du piano. S'ensuit un dialogue percutant entre percussions, batterie et sax. Le sextet repart. Chant et saxophone se fondent élégamment.
Agathe Iracema & Valentin Ivol quittent la scène. Le sextet est devenu quartet. Dialogue entre la saxophoniste et le batteur aux balais. Doucement mais énergiquement. Luca Fattorini ajoute une pulsation entêtante de contrebasse. Tony Tixier fait entrer le piano dans la danse, sonnant romantique en diable. Balai main droite, baguette main gauche pour Leon Parker. Echange raffiné entre piano, contrebasse et batterie. Solo de contrebasse délicieux, soutenu par les 2 autres. Le pianiste prend la main. La tension monte doucement. Le quartet part en decrescendo jusqu'à la fin.
Le groupe a donc joué " Belief " (Leon Parker) puis " Ambrosia " ( Kenny Barron). Leon Parker présente ses musiciens. Je résume. " Je n'ai pas choisi ce groupe. L'Univers me l'a apporté. Luca Fattorini à la contrebasse. Il a le signe astrologique parfait pour jouer de la contrebasse. Le percussionniste est le seul 100% Français de l'orchestre (NDLR: En fait, le pianiste aussi vu qu'il est né en Seine Saint Denis de parents originaires de Martinique). Ce jeune homme me permet d'être libre car il garde le rythme " (NDLR: c'est le travail du batteur habituellement).
Ses louanges ayant été chantées par le doyen et chef du groupe, Valentin Ivol commence seul. Sur une poêle retournée. Il maintient le rythme alors que Leon Parker tourne autour. Cette fois, c'est un quartet sans pianiste ni chanteuse. Le sax soprano amène le thème de " Caravan " ( Duke Ellington & Juan Tizol). Un standard du Jazz réinventé dans l'instant. Très bonne vibration. Un geste de Leon Parker et la rythmique s'arrête. Le sax continue sa danse et le batteur reprend le dialogue. Baguette main droite, main gauche nue. Très beau travail du son.
Toujours sans pianiste ni chanteuse. Solo de batterie. Les tambours chantent, grondent, dansent. Le quartet part sur un autre thème même si le percussionniste garde le sien. Son acide et léger du soprano.
Le percussionniste sort de scène. Pianiste et chanteuse y remontent. La rythmique lance une ballade souple, tranquille. C'est " God bless the child " ( Billie Holiday) traitée de façon Soul Music. Balai main droite, baguette main gauche. Le sax alto est joué dans le grave de l'instrument se mêlant à la voix de velours d'Agathe. C'est plein d'âme. Problème de réglage du son de la contrebasse qui produit un chuintement. C'est un danger de l'électricité. Voix et sax alto se répondent, rivalisant de séduction entre la brune et la blonde. Les hommes sont derrière portant ces Dames au sommet.
Composition de Leon Parker d'il y a 20 ans, quand il est arrivé en France. " Duet " inspiré du rythme corporel et du chant. Cf vidéo sous cet article pour une version de 2018 avec d'autres membres de l'Embodi Jazz Ensemble de Leon Parker. Le sextet est reconstitué et applaudit en rythme. La contrebasse pose la pulsation. Les 5 autres artistes tapent dans leurs mains et chantent. Le sextet se met à jouer. J'y inclus la chanteuse qui joue avec sa voix. Joyeuse et puissante vibration qui tient chaud au corps et à l'âme. Le sax alto joue un chant parallèle à la voix. Le quadrilatère de la rythmique ne cesse de changer de forme pour mieux accompagner sax et voix. Fin surprise avec 3 notes de piano.
Leon Parker se lève et tape sur sa poitrine tout en chantant et soufflant. Comme s'il amplifiait son rythme cardiaque. Puis le groupe revient au chant de départ celui de " Duet ". Cf vidéo sous cet article.
PAUSE
A la pause, je discute avec mes voisins, un couple de Toulousains, quinquagénaires sympathiques et dynamiques. Ils sont sur Paris pour le travail cette semaine, en profitent pour découvrir Leon Parker qu'ils ne connaissent pas bien qu'il enseigne les percussions à Toulouse. Nous parlons de Toulouse et de Claude Nougaro. Salut à eux s'ils lisent cette chronique.
Le percussionniste passe à la batterie et réciproquement. Démarrage en solo de percussion corporelle. Le groupe enchaîne. Le rythme tourne en boucle. Solo de piano bluesy. La basse garde le tempo. Les 2 percussionnistes hachent menu. Voix et sax alto ajoutent leurs chants. Leon a repris sa place à la batterie, Valentin aux percussions. Ca pulse.
Intro en solo du batteur aux baguettes. Ne restent sur scène que le contrebassiste et la saxophoniste. Leon travaille ses tambours. Le pianiste revient et le quartet démarre un air de Be Bop. Solo du pianiste dans ce style. Solo de contrebasse sans le chuintement du 1er set. Le problème a été corrigé. Leon Parker tient implacablement le rythme aux balais. Le piano vient s'ajouter discrètement. Le quartet repart avec le sax alto. C'est bien un air de Be Bop. " Evidence " ( TS Monk).
Le .percussionniste et la chanteuse remontent sur scène. Sax soprano. La contrebasse pose les bases. Percus et batterie ponctuent. La chanteuse est aux percus elle aussi. Son planant du soprano. Le piano décolle alors que contrebasse, batterie et percus chauffent le moteur à un rythme régulier. Le sax soprano a repris sa jolie plainte légère au dessus d'une rythmique bien ancrée. Ca finit en trio de percussionnistes tout en souplesse, jusqu'au final. C'était " It is what it is " (Leon Parker). Madame M-H, plus attentive que moi aux discours de Leon Parker, me fait remarquer qu'il vient de dire que tous les musiciens sont du signe du Lion. Le Lion, c'est justement le titre du dernier album de Leon Parker, " ". Pour Leon Parker, le lion est le signe astrologique idéal des musiciens. Madame M-H et moi sommes des Gémeaux comme Miles Davis, Prince & Céline, tous présents sur ce blog. " L'astrologie est une idéologie de la domination " (Theodor Adorno).
Agathe Iracema sort de scène. Une autre chanteuse la remplace: Mélanie Dahan. Leon Parker commence seul, en tapant son torse. La chanson, c'est " Throw it away " que j'ai eu la chance d'entendre chantée sur scène par Abbey Lincoln (1930-2010). Il y a plus de 20 ans mais cela ne s'oublie pas. Mélanie Dahan le chante avec son émotion propre.
Mélanie Dahan sort de scène. Y arrive une autre chanteuse: Chloé? Pas du chant. Du slam. En anglais. Batterie et percus tiennent le rythme. Un 3e percussionniste non identifié s'est ajouté. Texte à message politique, à l'évidence.
Ce n'est plus un sextet mais un nonet qui se tient sur la petite scène du Sunside. Olga est au sax alto. Olga est déchaînée comme la Volga au dégel. Bien poussée par la rythmique. " S he is baaad, she is bad but she is beautiful " dit Leon Parker d'Olga Amelchenko. D'Agathe Iracema, " She is pure music ". Rien à ajouter.
Je l'ai perdu dans mes notes mais , à un moment, le groupe a joué " Radio Play ". Cf extrait audio au dessus de cet article. Espérons qu'il passe à la radio, par exemple sur Couleurs Jazz Radio où l'auteur de ce blog sévit chaque lundi à 22h et chaque vendredi à 12h (heure de Paris) avec l'émission Le Jars jase Jazz.
Oh30. Nous avons école demain mais Madame M-H, le sympathique couple toulousain et moi sommes restés jusqu'au bout emportés par l'énergie et la vitalité de l' Embodi Jazz Ensemble de eon Parker.