Magic Malik par Juan Carlos HERNANDEZ
invite
Paris, Ile de France, France
Mardi 18 janvier 2022, 21h30
Le Blazin Quartet est composé de
Srdjan Ivanovic: batterie, composition, direction
Yoni Zelnik: contrebasse
Manu Codjia : guitare électrique
Lectrices attentives, lecteurs exhaustifs, ce blog vous a déjà chanté les louanges du Blazin Quartet pour son album " Sleeping Beauty " qui fait partie de mon Meilleur du Jazz pour 2021 et pour un concert de sortie à Paris, au Sunset, le 10 juillet 2021. 2022 à peine commencé, j'y retourne déjà pour un nouveau concert à Paris, au Baiser Salé cette fois. Pour ceux qui ne connaissent pas ces lieux, les deux clubs sont voisins au 60 et au 58 de la rue des Lombards, 75001 Paris, France. A la fin du XVIII° siècle, c'était la rue des confiseurs. Depuis la fin du XX° siècle, c'est celle du Jazz, autre sucrerie mais sans dommage pour la santé.
Le concert était annoncé à 21h30 mais, sur place, il est annoncé à 22h. Par sens du compromis, le groupe commence à 21h42. Très bonne vague groupée d'emblée. Balai dans la main droite et baguette dans la main gauche du batteur. Magic Malik chante dans sa flûte. Ca commence à décoller avec le chant d'oiseau de la flûte qui vole au dessus de la rythmique. Le batteur, aux baguettes, martèle doucement. La guitare grogne sans foncer. La contrebasse impulse et la flûte vole, vole, vole. Solo de guitare avec la chaleur propre à Manu Codjia. Des sons parasites sortent de son ampli. Des petits crachements qui viennent parasiter la ligne directrice du soliste. C'était un nouveau morceau pas encore enregistré " Fifi ".
Un autre nouveau morceau," Résistance ". Srdjan Ivanovic présente groupe et compositions en français avec un sympathique accent balkanique. Manu Codjia en profite pour régler sa panoplie électronique. Gros son de contrebasse qui bondit sous les doigts de Yoni Zelnik, souligné par la guitare et la batterie en boucle. Le groupe sonne. Rondeur de la contrebasse, fluidité de la flûte. Une sorte de marche mais pas militaire du tout. Ca sonne bien balkanique dans le rythme. Encore des sons parasites pour la guitare. Solo de trompette poussé par contrebasse et batterie. Un technicien est demandé d'urgence auprès du guitariste. La trompette déploie son souffle. Manu Codjia bricole. Dans un tout autre genre de musique, je me souviens du concert en solo d' Ivo Pogorelich à Rennes au TNB en 1986. En plein concert, le piano fit: " Plonk ". Une corde venait de lâcher sous la pression. Imperturbable, Pogorelich a poursuivi son concert ponctué de " Plonk " à chaque fois qu'il frappait cette corde trop sensible. Inoubliable. Ce soir, le problème est plus facile à résoudre. La guitare revient sans dommage apparent. La rythmique poursuit sur sa lancée et la guitare joue sans perturbation.
" Sleeping Beauty ". Le titre album. Cf extrait audio au dessus de cet article. " Dédié à ma femme qui est là d'ailleurs ". Nous applaudissons Madame Ivanovic. " Ma (sic) épouse. Femme, c'est trop sexiste ". Rires approbateurs du public. Une très belle ballade qui décrit bien le regard amoureux de Sdrjan Ivanonic sur son épouse qui dort. Un sentiment que j'ai bien connu. Maintenant que tout fonctionne, Manu Codjia ajoute des effets de réverbération. Magic Malik quitte la scène. Solo de trompette mélancolique en diable. Batteur aux baguettes. Avec les effets, le son du solo de guitare se prolonge, s'étire. Dialogue chaotique mais maîtrisé entre trompette et guitare, soutenu par la contrebasse et secoué par la batterie. La trompette sonne le retour au calme et au thème.
Magic Malik revient sur scène pour " Rue des Balkans ". Cf vidéo sous cet article. Magic Malik introduit le morceau en solo. Le batteur tripote ses tambours à mains nues. La trompette arrive doucement. La contrebasse ajoute sa pulsation. La guitare la sonne; Ca sonne balkanique en diable. Un mélange subtil entre Orient et Occident. Je bats la mesure de la jambe gauche. Mon voisin de droite et ma voisine de gauche tapent des mains sur leurs cuisses. Bref, ça marche. Ca pulse de plus en plus. Contrebasse et batterie tiennent la ligne et tracent la route pendant que la guitare tourne autour. Avec mordant mais sans agressivité. Manu Codjia chantonne son air. Il est dedans. Nous aussi. Sans les parasites du début, ça sonne beaucoup mieux, forcément. Solo de flûte qui vole au dessus de l'ancrage fourni par la contrebasse et la batterie. La guitare vient ajouter une pulsation supplémentaire. La trompette, une couche de douceur.
PAUSE
Pas de flûte. La trompette lance le fameux thème d'Ennio Morricone. " L'uomo col'armonica " in " C'era una volta nel Ovest " di Sergio Leone. La guitare ajoute un son glacial. Batteur aux balais. Le thème est bien reconnaissable dans le solo de guitare même si Manu Codjia le triture à sa façon. Batteur aux baguettes. La tension monte doucement mais sûrement. La trompette vient ajouter la sonnerie aux morts. " On espère que Morricone ne se retourne pas dans sa tombe " conclut Sdrjan Ivanovic.
Magic Malik remonte sur scène. Un nouveau morceau . Une première mondiale en concert. " Kapethan Mikalis ". Un hommage au roman de Nikos Kazantzakis (1883-1957) " La liberté ou la mort ", récit de la guerre d'indépendance de la Crète face à l'Empire Ottoman. Gros Les tambours roulent sous les baguettes. Le quintette démarre. Bonne vibration commune. Solo de guitare métallique à souhait bien poussé par la contrebasse et la batterie. Ca joue, nom de Zeus!
Solo de flûte pour commencer. En jouant et grognant. Le batteur tapote doucement ses tambours. Atmosphère étrange. Magic Malik crée des effets sonores avec des vibrations de ses doigts. Ca sonne quasi indien. La trompette ajoute un bourdon. La guitare commence par improviser par dessus. Le quintette entame une sorte de marche orientale. Ca s'organise et se rapproche d'un thème de l'album " Sleeping Beauty ". Magic Malik chante dans sa flûte. Solo de contrebasse qui déroule bien poussé par la contrebasse qui imprime un tempo régulier que le batteur hache menu aux baguettes. La guitare ajoute une deuxième pulsation. Retour au thème. Magic Malik chante franchement l'air sur un ton assez haut.
Solo de Sdrjan Ivanovic aux maillets pour commencer. Tout en douceur. Il fait sonner. La guitare ajoute un chant plaintif. Flûte, contrebasse et trompette entrent majestueusement. Solo de contrebasse doucement soutenu par le batteur aux balais. Une marche lente. Solo de guitare au sein du quintette. Ca balance tranquille. Batteur aux baguettes. Le quintette reprend cette splendide marche. Après avoir réparé son ampli au 1er set, Manu Codjia doit changer une corde de sa guitare au 2e. Tels sont les aléas du direct, lectrices attentives, lecteurs exhaustifs. Le quartet poursuit sa route. Grosse pulsation de la contrebasse dans le ventre du batteur aux baguettes dans la tête. La trompette grogne, la flûte chante. Comme un joueur de tennis après avoir cordé sa raquette, Manu Codjia repart. Lui aussi vérifie la tension des cordes et se remet à jouer. Ca pulse terrible. La guitare tranche dans le vif. Retour à un joli thème à 5 en decrescendo pour finir.
J'ai entendu 2 morceaux mais il y en avait 3. " Gutchi " (clin d'oeil à la marque de luxe italienne), " Le voyage d'Alia " (hommage à Ivo Andric, 1892-1975, prix Nobel de littérature 1961, dont je recommande " Le pont sur la Drina ", livre indispensable pour comprendre la Bosnie-Herzégovine, pays natal de Sdrjan Ivanovic), " Marina's song " ( " On oublie car ce n'est plus d'actualité " précise le batteur compositeur dont l'épouse est présente dans la salle. Elle ne s'appelle pas Marina)
" Sweet home ? " Un nouveau morceau dont je n'ai pas capté le titre en entier. " C'est bien. On est gâté " commente une spectatrice ravie de ces découvertes musicales. Manu Codjia met en marche les effets pour faire tourner le son en boucle. Contrebassiste et batteur jouent à mains nues. Ca marche doucement. Je bats la mesure de la jambe gauche. Par dessus sa boucle (loop in english), Manu Codjia improvise et c'est beau. Ca ressemble à un thème de l'album. Le quintette repart. Solo de flûte orientalisant avec contrebasse et batteur aux baguettes qui marquent un thème régulier et mouvant. La guitare vient s'ajouter dessus en douceur. Pas tout à fait le thème de l'album " Sleeping Beauty " mais bien proche. Pour finir, Manu Codjia lâche les chevaux bien poussé par la rythmique. Beaucoup plus rock, plus puissant mais en contrôle. Il chante son air. Fin nette.
PAUSE
Le quintette reviendra pour jouer 2 morceaux en conclusion mais j'ai ma dose de beauté pour la soirée. La chronique est donc finie.
La photographie de Magic Malik Mezzadri est l'oeuvre de l'Aérien Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.