Une seule voix discordante
Une seule vie de traverse
Et la couleur du ciel est changée
Voilà un poète comme on les aime. Certes il se dit plus libertaire encore que libéral, mais il est, heureusement, affligé d'un
Strabisme convergeant: raison et coeur
La raison? Il voit dans le soleil la seule patrie habitable:
J'aime, soleil, ta jouissance et ton agonie d'amante
Ce qui ne l'empêche pas d'en connaître les limites:
L'astre à midi, si puissant soit-il, n'entame en rien le crépuscule en nous.
Le coeur? Il est pour lui un apôtre guilleret:
Nous abritons tous un coeur neuf
Convalescent, miraculé
Où se poser?
Une journée passée dans la cour d'un village
Ou sur le versant raide d'un mont incliné
Quoi que l'on dise ou pense de la ruralité
Voilà qui est moins baigner dans l'usage
Que dans la fontaine altière de l'éternité
Le poète aime la vie, même urbaine:
L'aridité des villes n'est plus une objection pour le monde animal. Chacun y mendie son pain, arpente son plumage d'acier, fréquente ses terrasses et ses cafés.
La vitalité, Le suc des sèves, est tellement importante pour Laurent Galley que son moto pourrait être:
Vivre d'aimer vivre
Le cycle des saisons se poursuit indéfiniment et la demeure du temps est à la nature. Mais c'est le printemps, un sortilège cuisant, qui est pour lui la seule ambition et fait pleinement de la vie sa propre finalité:
J'aime ces heures à la lueur des buis
Les ribambelles des rires printaniers
Les enfants et leur pied dans la marelle
Un, deux, trois... soleil, sous la pluie
Lorsqu'on a les yeux à hauteur de buis
Francis Richard
Le suc des sèves, Laurent Galley, 104 pages, Éditions de l'Aire
Livre précédent:
Le passage à gué (2019)