L'aller simple est celui des émigrés qui tentent de rejoindre le sol italien, en devant affronter la faim, la violence de la nature, les passeurs. La violence est leur quotidien, ponctué quelquefois de quelques éclats de lumière. Et tout à coup, entre les interstices du désespoir, la lumière jaillit malgré tout...
"Nous sommes les innombrables, redoublés à chaque case d'échiquier,
Nous pavons de squelettes votre mer pour marcher dessus.
Vous ne pouvez nous compter, une fois comptés nous augmentons
fils de l'horizon, qui nous déverse à seaux.
Nous sommes venus pieds nus, sans semelles,
et n'avons senti ni épines, ni pierres, ni queues de scorpions.
Aucune police ne peut nous opprimer
plus que nous n'avons déjà été blessés.
Nous serons vos serviteurs, les enfants que vous ne faites pas,
nos vies seront vos livres d'aventures.
Nous apportons Homère et Dante, l'aveugle et le pèlerin,
l'odeur que vous avez perdue, l'égalité que vous avez soumise."