mon "bonjour. café." en Charente dans de la faïence de Lorraine (manufacture de Luneville - KG)
Nous dînons autour de la grande table en chêne massif. Ma mère regarde la télé dans le vaisselier. Dans la vitre du vaisselier qui lui rend le reflet du feuilleton qu'elle commente à voix haute. La télévision est dans le coin salon à l'autre bout de la pièce. Une poutre et le garde-corps de l'escalier en bois empêchent la scène larmoyante entre Elsa* et Bruno Putzulu de parvenir directement à ma téléspectatrice de mère. Elle ne veut pas se poser dans le canapé qui fait face à l'écran, elle perdrait la chaleur et la proximité, surtout, du poêle à bois. Et elle veut manger à la table, avec moi. Regarder la télé dans la vitre du vaisselier ne la dérange pas. Il faudrait repenser tout l'agencement de la pièce et l'idée nous fatigue, elle comme moi. Déplacer la cheminée ou l'enchevêtrement de câbles, la box, la télé. L'un ou l'autre est impossible**. Alors nous commentons ensemble l'intrigue rocambolesque (et mal jouée mais pas pire que Les Mystères de l'amour***) puis la météo dans la vitre du vaisselier. Je vois pour la première fois la météo sous un autre angle, la Lorraine à l'ouest et Brest à l'est.
* T'en va pas. Si tu l'aimes, t'en va pas-ah-ah.
** J'attends avec délectation les twittos qui déclareront "mais si, il faut... t'as qu'à..." Je leur délivre volontiers les plans de la maison et leur envoie la facture.
*** Je me rappelle avec émotion du fou rire qui nous avait saisi mon mec et moi lorsqu'un des protagonistes sortait un flingue et déclarait, la voix grave et le clin d'œil appuyé : "Je connais hyper bien un gars qui travaille pour la CIA."