Matifa Akin : L'autre

On se demande parfois s’il est utile de communiquer sur certains produits culturels. Les espaces de communication étant de plus en plus occupés par des discours multiples, divertissants, il est de plus en plus difficile d’écouter des contenus engageants. Dans ce contexte où je dois me faire violence, j’ai écouté plusieurs épisodes du Salon du livre, le podcast d’Acèle Nadale où il est souvent question d’auto-édition et des contours de la chaîne du livre africaine...

Parfois, elle reçoit des auteurs. Comme Matifa Akin. J’ai trouvé leur échange intéressant et profond. Il était question de littérature érotique puisque c’est un des axes de travail de l’auteure française. Je vous invite à écouter cet épisode du podcast d’Acèle Nadale. J’ai passé commande et j’ai commencé la lecture de cet ouvrage. Mon premier réflexe est de dire que nous sommes en face d’un texte bien écrit avec très peu de coquilles. Ma deuxième réaction est de vous parler de la structure du roman. Principalement centrée sur deux personnages. Un homme, une femme. Deux discours sur des retrouvailles torrides. Chaque voix va avoir le temps de lire, de décrire les différents événements, les situer en fonction de leurs états d’esprit respectifs.
Les deux protagonistes se connaissent. Ce sont deux anciens amants qui se sont connus du temps de leurs études, puis au début de leurs carrières professionnelles. Une relation qui s’est construite progressivement, avec des heurts et une rupture brutale venant de la femme. Elle. Ces deux là ont des profils de CSP+. Ils travaillent sur des sujets particulièrement ambitieux, stressant. Chacun est engagé dans une relation. Lui est marié, père d’un enfant. Elle s’apprête à se marier. Quand le roman commence, l’homme projette de se venger du départ quelques années plus tôt, sans crier gare. Il a bien l’intention de lui faire payer l’addition. Matifa Akin a un regard plutôt cynique sur les engagements des deux personnages. 
L'écrivaine décrit bien cette tension sexuelle et le lecteur attend donc de voir comment le mâle va s'y prendre pour soumettre la femme et réaliser sa vengeance. Vous me direz que vu sous cette angle, c’est quelque peu enfantin. Mais, c’est là où le roman érotique joue sur les attentes du lecteur tout excité de deviner comment le bougre va s’y prendre. Je ne parle pas de moi... Le roman parle de ces relations passionnées, de ces portes non fermées qui dans le fond sont extrêmement destructrices, par delà l’intensité des échanges et des moments partagés. Il y a une certaine crédibilité du discours des protagonistes, sur l’interprétation qu’ils ont d’un conflit, d’une incompréhension qui va s’exprimer dans la fusion des corps et une recherche d’ascendance sur l’autre.
Mon point de vue est le suivant. Le roman est assez neutre. Il est difficile de savoir où se passe cette histoire. La seule personne que l’on situe est Cassandra, une africaine américaine dont on connait le parcours de formation dans l’IVY League et qui va être une intruse dans cette histoire. Je suis un peu amusé une trame qui met en scène des personnages ayant le même profil pour les textes que j’ai pus jusqu’à présent. Comme si ce type d’histoires serait difficile à concevoir si elles se passaient dans une favela ou dans un quartier populaire français. 
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