Si l’ouverture par API commence progressivement à s’imposer dans l'industrie bancaire, en partie grâce à la réglementation, le secteur de l’assurance reste largement en retrait de cette tendance, en tous cas parmi les acteurs traditionnels. Il faut donc saluer l’initiative de MAIF en la matière, même si elle se révèle pour l'instant très embryonnaire.
La réalité est encore difficile à admettre pour des entreprises qui misent principalement, et parfois exclusivement, sur une relation de proximité, mais l'évolution vers une approche de services prêts à intégrer, qui permet d'insérer l'assurance au cœur des parcours habituels des individus et des entreprises, devient inéluctable. Puis, quand la prise de conscience a fait son chemin, survient l'obstacle suivant, à savoir la mise en œuvre technique, les systèmes informatiques existants étant généralement inadaptés.
Pour MAIF, le chantier semble être maintenant au milieu du gué. Elle a, classiquement, déployé un portail sur lequel les développeurs de logiciels peuvent découvrir, explorer, expérimenter et s'approprier un premier jeu d'interfaces, élaborées dans un format à l'état de l'art, donnant accès à quelques-uns de ses services. Sont ainsi incluses, à ce jour, les gammes de couverture automobile et camping-car, bateau de plaisance (disponible à compter de juin) et location (ou colocation) à destination des jeunes.
Les fonctions proposées sont cependant extrêmement limitées. En sus d'un simple lien de recommandation qui paraît un peu déplacé, ne sont offerts dans l'immédiat que des capacités de simulation tarifaire de contrat et, dans le cas de l'automobile, de création de devis (réservée aux sociétés inscrites à l'ORIAS). Cette dernière est la plus aboutie, avec la collecte de l'ensemble des informations nécessaires, mais il n'est donc pas (encore ?) question de souscription, pour laquelle il faudra prendre contact avec MAIF.
Les limitations de sa démarche n’empêchent pas MAIF d’avoir concrétisé deux partenariats. L’un concerne la Mutuelle des Métiers de la Justice et de la sécurité, qui bénéficie de la sorte d’une offre de produits sur les biens, complémentaire de son activité sur la santé et la prévoyance. L’autre est plus emblématique du concept d’assurance embarquée, puisque la jeune pousse Odopass y trouve l’opportunité d’accompagner l’achat d’un véhicule d’occasion sur sa plate-forme avec l’assurance adéquate.
MAIF annonce d’ores et déjà l’ajout de lignes de produits supplémentaires au cours des mois qui viennent, autour du logement, de l’emprunt immobilier ou encore des engins de déplacement personnels motorisés. En revanche, l’extension à tous les processus n’est pas évoquée. Cependant, les deux implémentations actuelles sont également considérées comme un galop d’essai sur lequel devraient être collectés des retours d’expérience qui aideront à définir les orientations pour les évolutions à venir.
Une véritable révolution des modèles de distribution de l'assurance est en cours et peu de compagnies l'ont appréhendée jusqu'à maintenant. MAIF prend de la sorte une avance certaine sur la concurrence. Toutefois, son exemple montre toute la difficulté, technique et surtout stratégique, à basculer totalement dans l'univers des services enfouis. L'irrésistible tentation de conserver à tout prix dans son périmètre, sous sa propre marque, l'interaction décisive (la souscription) risque de ruiner tous les efforts engagés.