Brice Hortefeux est comme un taureau furieux : lancé à toute allure dans une fuite en avant éperdue, il est incapable de s’arrêter. Obnubilé par le racisme et la xénophobie (des fonds de commerce de Nicolas Sarkozy et d’une bonne part de l’UM/Posture) mais se rendant compte, incident après incident, qu’il est assis sur une véritable poudrière. Qu’il y ait une «bavure» policière de trop, et un mort… son nom y resterait attaché comme naguère la mort de Malik Houssekine à celui de Charles Pasqua.
Aussi, préfère-t-il s’en prendre aux associations qui défendent les sans-papiers. Il ouvre son parapluie : ce sont elles qui sont responsables des incidents. Pas sa politique de chasse systématique aux sans-papiers ni les conditions inhumaines qui leur sont faites… Il répond que les CRA sont une alternative à la prison.
Parce que dans la patrie des droits de l’homme il est forcément légitime (et humain) de mettre en prison des personnes dont le seul tort est d’avoir cru que la France pouvait les accueillir. Il n’est guère besoin de beaucoup d’imagination pour se croire revenu en des temps très sombres qui n’ont guère fait honneur à la France…
On garde «Bébé Doc» (l’ex-dictateur sanguinaire d’Haïti) depuis je ne sais combien d’années, mais haro sur les pauvres qui viennent d’Afrique ! De même que les Roms, Roumains et Bulgares qui sont renvoyés manu militari alors même qu’ils sont citoyens européens. Donc, en contradiction flagrante avec les règles et principes de l’Etat de droit. Mais qu’importe : il s’agit de faire du chiffre !
C’est bien d’une véritable obnubilation qu’il s’agit. Une haine farouche des étrangers (surtout quand ils le sont «visiblement » !). De la pure démagogie nauséabonde au seul usage des plus réac’ (entendre, notamment, les électeurs débauchés chez Le Pen). Notons que Brice Hortefeux est en pays de connaissance : il aurait appartenu au GUD, groupuscule facho des années 70.
Or donc, Brice Hortefeux montre les dents.
Premier acte, il fait interdire une nouvelle manif devant le CRA du Mesnil-Amelot en invoquant la possibilité de «troubles graves à l’ordre public». Sur le fond du droit administratif, c’est quasi inattaquable, en raison même des incidents de samedi dernier.
Deuxième acte, il porte plainte contre l’association “SOS-Soutien O Sans Papiers” à qui il impute la responsabilité des troubles lors de la manif devant ce centre la semaine dernière. Pour «provocation à la destruction, dégradation et détérioration volontaire dangereuse pour les personnes». Pour se justifier, il leur «prête» des propos qui bien évidemment seraient sujets à caution s’ils avaient été réellement tenus :
«Je n’accepte pas qu’un groupuscule d’extrême gauche, “SOS-Soutien O Sans Papiers”, ait pu appeler à la destruction par le feu du centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, je n’accepte pas que l’un des membres de ce groupuscule, Rodolphe Nettier, puisse impunément déclarer, dans les colonnes d’un quotidien, que “Notre mot d’ordre, c’est de brûler les centres, on assume puisque c’est de la légitime défense en réponse à la violence des autorités qui enferment des gens qui n’ont rien fait”».
Il se trouve que ces déclarations sont contestées par Rodolphe Nettier, qui ajoute pour sa défense que la banderole portant la mention “destruction des CRA” aurait été amenée par des militants anarchistes.
Qui que ce soit, je ne trouve pas cela très malin… De même, s’il était avéré que Rodolphe Nettier ait bien tenu ces propos : “Notre mot d’ordre, c’est de brûler les centres, on assume puisque c’est de la légitime défense en réponse à la violence des autorités qui enferment des gens qui n’ont rien fait”…
On assume !
Ben voyons ! Trois petits tours et puis s’en vont… Irresponsable ! Encore une fois, je ne vais pas me faire que des amis mais j’écris ce que je pense comme je le pense. Et j’appelle cela «instrumentaliser» une juste cause pour se faire plaisir et mettre un mouvement politique en valeur sans se soucier réellement du sort des personnes que l’on prétend soutenir.
Jusqu’à preuve du contraire, ceux qui «assument» réellement – et la politique d’Hortefeux et les retombées négatives de tels agissements - ce sont uniquement les sans-papiers enfermés dans les CRA.
Même en manifestant, il y d’autres moyens de les soutenir que d’appeler à la violence. A ma connaissance, RESF n’a jamais utilisé des moyens violents. Ce sont les forces de l’ordre qui ont tabassé ses militants sans ménagement, pour ensuite les accuser de violence, en flagrante contradiction avec la réalité.
L’UM/Posture reste impayable. Faisant penser à la célèbre réplique de Michel Audiard : «Les cons, ça ose tout. C’est à ça qu’on les reconnaît».
Petit florilège :
Dominique Paillé, porte-parole de l’UMP a “exhorté” le Parti socialiste à “clarifier sa position” après que le secrétaire national du PS, Faouzi Lamdaoui, ait dénoncé dimanche une “chasse institutionnalisée aux étrangers”.
Comme ces gens là attaquent en meute, l’inénarrable autre porte-parole de l’UMP (le logorrhéique Frédéric Lefèbvre) en aurait profité – dixit Le Figaro – pour «tacler» Faouzi Lamdaoui, secrétaire national du PS à l’égalité. Ce dernier avait évoqué «la révolte légitime» des étrangers en situation illégale retenus dans les CRA. Ça sent bien son journal de droite ! Tacler ? Mémé Kamizole, elle lui fiche un «carton rouge» au Lefèbvre… Interdiction définitive de terrain.
D’autant qu’il s’en est pris également à RESF à qui il a eu l’impudence d’attribuer une responsabilité «morale» dans les incidents survenus au CRA de Vincennes. Primo, il devrait éviter d’utiliser un mot dont il ne connaît ni la signification ni la valeur. Secundo, c’est lui, l’UM/Posture, Sarko et Hortefeux qui portent une lourde responsabilité morale en traitant les sans-papiers comme des sous-hommes… avec comme seul «maux» d’ordre la haine, raciste et xénophobe.
Quant à sa proposition d’interdire les manifestations devant les CRA pour ne les autoriser que devant les préfectures, elle serait proprement risible si elle ne témoignait précisément du peu de souci qu’il fait (comme son petit maître) de l’exercice de la liberté dans un pays démocratique.
Parlons justement de son «petit maître»… Une récente livraison du Canard Enchaîné nous apprenait que l’inepte porte-parole de l’UM/Posture (qui voulait que l’AFP publiât tous ses communiqués) serait en disgrâce à l’Elysée… d’où la logorrhée de Frédéric Lefèvbre, espérant sans doute ainsi rentrer en cour ! On se croirait revenu au temps du Roi-Soleil et de ses courtisans. Il nous manque juste un Saint-Simon pour épingler leurs travers.
Au-delà des associations militantes de soutien aux sans-papiers, Brice Hortefeux a également dans le collimateur la Cimade (association d’origine protestante chargée d’assurer la défense et l’information des retenus au sein des centres) qu’il trouve «trop indépendante» ! A l’UMP, on n’aime que les béni-oui-oui, les chiens rampants ou «de garde».
Il souhaiterait limiter ses prérogatives en éclatant ses missions pour les confier à plusieurs associations caritatives - Croix-Rouge ou l’Ordre de Malte – prétendument pour assurer une plus grande “diversité” dans l’aide aux sans-papiers mais en fait et surtout dans l’idée de réduire son poids…
Encore une fois, Brice Hortefeux ne peut que s’en prendre à lui-même et à sa politique aussi stupide qu’inhumaine. Au lieu d’accuser tous ceux qui s’y opposent, il devrait bien plutôt méditer la Bible : «qui sème le vent récolte la tempête» !
Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l’égalité au Parti socialiste a tout à fait raison d’accuser : “Ce nouvel incendie et l’usage de gaz lacrymogènes par la gendarmerie témoignent d’un climat de tension permanente dans la rétention des étrangers”.
Situation dénoncée également par Richard Moyon, porte-parole de RESF : “Les gestes de désespoir se multiplient dans les centres. La stratégie de M.Hortefeux vise à cacher cette réalité qui est le produit de sa politique” ou Stéphane Maugendre, président du GISTI : “Le gouvernement détourne l’attention sur des groupuscules d’extrême gauche, j’emploie des guillemets, pour éviter qu’on se préoccupe de sa politique et de ce qui se passe dans les centres de rétention”…
Peut-être devrait-on rappeler à Brice Hortefeux, outre que l’on n’a jamais fait tomber la fièvre en cassant le thermomètre, que les étrangers, même sans papiers, sont avant tout des êtres humains ?