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J'ai pris un arbre dans mes bras

Publié le 09 février 2022 par Desfraises
J'ai pris un arbre dans mes bras
J'ai pris un arbre dans mes bras
J'ai pris un arbre dans mes bras 

J'écris ce billet bercé par la danse des flammes dans le poêle à bois qui chauffe la maison de ma mère en Charente. Le craquement sous la chaleur des plaques en fonte. La chatte aux premières loges, stoïque et bienheureuse. Le pépiement des mésanges dehors. Un monde ignorant tout de la vanité des hommes et des polémiques en papier toilette qui agitent les plateaux télé et les réseaux sociaux. L'oubli, l'abandon, la paix. Un petit bonheur parmi d'autres. Parmi ceux que Tiphaine 🐧 Touzeil convoque sur Twitter. En plus de fabriquer des gifs qui confinent à l'art, parce qu'elle découpe, anime et exalte des bouts d'Art, qu'elle y met son talent et son cœur, elle organise un défi qui souffle sa cinquième bougie, le #JeNeChougnePasChallenge. Il s'agit de ne pas chougner (râler, rouméguer, grommeler, chouiner) ou plutôt de moins chougner, de ralentir ou arrêter la petite dynamo qui alimente les pensées qui noircissent le verbe, qui salissent un tableau déjà pas tout rose. Mon explication est un peu schématique, incomplète. Tout le monde participe. Comme et quand il veut ou peut. L'exercice est plus complexe qu'il n'y paraît. Mais je vais vous la faire simple. Avec une courte liste de Trukafer auxquels je me suis adonné :

- J'ai dit "et" plutôt que "mais"

- J'ai pensé à des pinguoins qui jouaient au tennis chaque fois que montait l'envie de vomir mon agacement sur les réseaux sociaux ou dans ma rue

- J'ai fait rire ma mère avec une anecdote pas piquée des hannetons

- J'ai regardé deux épisodes de Ted Lasso (et je conseille chaudement)

- J'ai souri à chaque personne croisée, toute une journée

- J'ai dansé sur ma chanson préférée

- J'ai pris un arbre dans mes bras. Celui-là même qui illustre ce billet. 

Valise déployée. Déjeuner avec ma mère, arrosé d'un Bergerac, des dernières nouvelles de la famille et d'un beau soleil d'hiver. Marcher un peu. Les gravillons qui crissent sous les pas sur la petite route de campagne. L'herbe mouillée qui souille le genou quand je me contorsionne sous la clôture qui délimite un pré immense et vert, malgré l'hiver. Les choux en rang d'oignon dans le pré d'à côté. Les chardonnerets. Une tortue trépassée qui a perdu son chemin. Des monticules de terre qui témoignent de galeries creusées par une taupe cherchant le sien. Un arbre que je photographie puis approche puis étreint. Longuement. Yeux clos. Inspire. Expire. Inspire. Respire le vent qui agite le lierre qui étreint à son tour l'arbre témoin d'une émotion inattendue. Je suis vivant.


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