L'anticipation tient un rôle clé dans l'économie. C'est elle qui crée l'incertitude de tout dispositif : une loi, un produit, un investissement. On peut y associer un autre terme que j'aurais l'occasion de traiter : la spéculation.
L'anticipation consiste à établir des hypothèses. Lors d'un précédent j'ai évoqué les anticipations rationnelles. Pour rappel, ces dernières supposent que les agents économiques soient pourvus d'une excellente culture économique. Or en France, neuf français sur dix maîtrisent peu ou pas les concepts économiques. Ce qui relativise tous sondages sur le jugement des français sur la pertinence des décisions prises par le Gouvernement.
Comme la totalité de la population ne peut pratiquer d'anticipations rationnelles, faute de comprendre les tenants et aboutissants, la théorie économique a développé le concept d'anticipation adaptative. Les agents économiques réagissent à une annonce en tenant compte d'évènements passés pouvant être associés à cette dernière. Exemple : le Gouvernement a multiplié durant le mois de juin les bonnes nouvelles et notamment fiscales pour certains ménages. Mais tous ont anticipé que tout avantage gagné avait pour contrepartie une mauvaise nouvelle... la TVA sociale par exemple. Autre exemple : la libéralisation du marché de l'énergie. Les consommateurs devraient peu partir d'EDF dans la mesure où le dispositif semble moins avantageux que ne l'avait été celui de la téléphonie. Ce dernier secteur ayant malgré la baisse des prix organiser une entente sur les prix. De quoi laisser les consommateurs sur leur vigilance. Et puis EDF est l'entreprise préférée des français.
Voilà deux exemples, qui montrent que les agents s'adaptent en fonction du passé, de leur ressenti, etc. Et l'art de tout économiste prévisionniste est d'arriver à bien détecter le ou les choix qui seront faits. Et c'est aussi sur les anticipations adaptatives qu'on pointe les plus fortes manipulations d'opinion volontaires ou involontaires.